vendredi 30 novembre 2007

Les enfants de Don Quichotte aideront-ils le MEDEF?

Les enfants de Don Quichotte aideront-ils les pauvres membres du MEDEF? Alors que les évènements de Villiers-le-Bel ont donné lieu à une présence médiatique de nos dirigeants politiques et à la mise en oeuvre de moyens matériels exceptionnels, on s'étonne du silence politique vis-à-vis des affaires touchant le MEDEF ces dernières semaines.

Après la caisse noire de l'UIMM et les détournements de l'argent de la médecine du travail à des fins personnelles, une nouvelle affaire touche le syndicat des entrepreneurs.

Dans son numéro du 21 novembre, le Canard Enchaîné indique ainsi comment le MEDEF bénéficie de facilités de logement grâce aux organismes de formation professionnelle, de logement social et de médecine du travail.
Faisant suite à l'enquête de Rue 89, les journalistes de l'hebdomadaire ont ainsi découvert que dans 65 départements français le MEDEF loge dans les mêmes locaux qu'une institution sociale. Par ailleurs cette situation concerne aussi 96 succursales du MEDEF, 26 délégations de l'UIMM et 73 autres fédérations professionnelles.

Selon l'enquête du Canard Enchaîné ces locaux appartiendraient dans certains cas au MEDEF qui surfacturerait les loyers aux organismes précités (Bernard Salengro, syndicaliste à la CGC). Dans d'autres cas ça seraient les organismes qui seraient propriétaires, et loueraient les locaux à un tarif privilégié au MEDEF et à ses amis. Ils poussent même parfois la générosité jusqu'à leur fournir un accueil, un standard, un secrétariat commun et un parc informatique.

Comme on le voit, à l'heure où le logement devient une préoccupation pour les Français, nos camarades grands patrons sont obligés d'utiliser des petites combines pour s'en sortir. Peut-être que Christine Boutin peut faire quelque chose, ou nos grands patrons vont être obligés d'installer des tentes dans le 16ème arrondissement de Paris afin de sensibiliser sur leur situation de galère qui les oblige à bénéficier à contre-coeur de loyers à tarifs privilégiés?

jeudi 29 novembre 2007

Bernard Kouchner, après les sacs de riz, les sacs de billets

Les mauvaise langues disent que Bernard Kouchner a changé. Deux récents articles d'El Pais et du Canard Enchaîné prouvent le contraire. Celui qui s'est fait connaître par ses interventions au Biafra, en Somalie ou en Bosnie n'a rien perdu de sa verve humanitaire. Désormais il vient en aide à une pauvre petite multinationale, Total, victime d'une kabbale judiciaire ces dernières années (AZF, Erika, caisses noires, corruption...).

L'histoire débute dans la fin des années 90 lorsque des travailleurs birmans mettent en cause l'entreprise Total pour mauvais traitements, atteinte aux droits de l'Homme et collusion avec la dictature en place.
Pour se défendre Total indiquait alors que les employés étaient "adultes, volontaires et rémunérés", qu'il n'y avait aucune collusion entre le groupe et l'armée birmane, et qu'elle aurait amélioré la situation sociale et sanitaire de ses employés.
Pourtant beaucoup de groupes qu'on ne peut suspecter d'altermondialisme (selon l'expression d'El Pais) ont quitté la Birmanie pour des raisons éthiques : Texaco, Pepsi Cola, Ericsson, Accor, Motorola, Philips, Appel, Heineken, Shell, Reebok, Carlsberg...
Total a préféré rester et sortir sa caution : Bernard Kouchner, qui a rédigé en 2003 un rapport défendant Total. Ce rapport a été rédigé en trois jours, après une visite de quatre jours où il n'a rencontré aucun opposant à la dictature et aucune association pro-démocratie ou pro-droit de l'homme.
Ce rapport est une véritable pub pour Total, digne de "Martine en Birmanie" : "Total n'a pas recours au travail forcé", le groupe est dirigé au niveau local par des "boy-scouts catholiques" qui ont permis une amélioration de la situation locale.
Ce rapport, rémunéré 3 800 € (que Bernard Kouchner aurait versé à des associations humanitaires), a pourtant depuis été contredit par des responsables de Total, par la justice française en mars 2006 (qui estime la réalité des faits comme prouvée).

Mais Bernard Kouchner ne fait pas de l'humanitaire qu'au bénéfice des multinationales. Sa société de conseil - BK Conseil - conseille aussi les dictateurs africains : contrat de conseil avec le président Omar Bongo au Gabon dans le domaine médical, ou avec Denis Sassou Nguesso dans le même domaine...contrat que Bernard Kouchner avait démenti vivement en accusant de calomnies ceux qui l'interrogeait sur celui-ci, avant de demeurer silencieux lorsque l'information fut confirmée par "La Lettre du Continent".

Soutien aux multinationales douteuses et aux dictateurs : après avoir théorisé l'ingérence humanitaire, Bernard Kouchner n'est-il pas en train de pratiquer l'entrisme humanitaire?

mardi 27 novembre 2007

Le pouvoir d'achat des actionnaires : personne n'en parle?


Décidemment Nicolas Sarkozy qui fut naguère dépeint comme un néo-fasciste semble bien être en fait la réincarnation du Mahatma Gandhi. Après avoir généreusement permis aux racailles en col blanc d'être exemptés de Kärcher, en dépénalisant le droit des affaires, Nicolas Cé-Sarkozy vient une nouvelle fois de faire preuve de sa grande générosité.
Par deux textes législatifs votés au Parlement par sa majorité il a en effet étendu son fameux "travailler plus pour gagner plus" à ceux qui ne travaillent pas plus, à savoir nos amis investisseurs en bourse.

Première mesure : la suppression de l'impôt de bourse. Celui-ci était de 0,3 % pour toute transaction supérieure à 7 668 €. Et bien le Mahatma Sarkozy a décidé de le supprimer. Pour faire passer la pilule la fiscalité sur les plus values est passée de 16 à 18 %, mais cette mesure est compensée dans le même temps par le passage du seuil d'imposition de 20 000 à 25 000 €.

Seconde mesure : la réforme de la fiscalité des dividendes. Ceux-ci pourront être soumis au prélèvement libératoire. Concrètement cette mesure technique permettra d'abaisser le taux réel pour les hauts revenus de 24 à 18 %. Le site Bakchich s'est ainsi amusé à calculer le bénéfice pour un contribuable lambda, tel que Bernard Arnault. Celui-ci a touché 327 millions d'euros de dividendes en 2007, sans avoir besoin de travailler plus. Avec cette même somme dans les années à venir ça lui ferait un bénéfice de 19,56 millions d'euros annuels!

Toutes ces mesures auront un coût, puisqu'elles créeront un manque à gagner pour l'Etat. L'hebdomadaire Marianne chiffre a 240 millions d'euros annuels le manque à gagner pour la première mesure. Mais aucun autre média n'a fait référence à ces mesures, ni même à leur coût, alors que chacun d'entre eux a sorti son Bertrand Renard de service pour calculer le coût de la grêve "égoïste" menée par les "privilégiés" de la SNCF et de la RATP, au détriment d'usagers "excédés".
Il y peu François Fillon affirmait que la France était en faillite. C'était après une cuite?

lundi 26 novembre 2007

Le pouvoir d'achat des grands patrons : personne n'en parle?

Alors que certains s'étaient émus d'une disposition du programme présidentiel de Ségolène Royal visant à porter le SMIC à 1 500 € en 2012, signalons qu'en 2005 le salaire moyen des patrons du CAC 40 a été de 6,3 millions d'euros. En tête, Lindsay Owen-Jones (22,6 millions d'euros), Bernard Arnault (16,2), Jean-René Fourtou (13,6), Antoine Zacharias (13,2) et Bernard Charlès (12).

Au-delà de ces salaires, un autre mode de rémunération majeur existe, les indemnités de départ : 38 millions d'euros pour Daniel Bernard (notons que l'année de l'obtention de cette "prime" la direction de son entreprise, Carrefour, avait refusé les revendications de ses salariés qui voulaient augmenter le montant de leurs tickets restaurants...) ou Philippe Jaffré d'Elf (30 millions). Il y a quelques mois a été aussi largement médiatisée le cas d'Antoine Zacharias qui devait partir avec 250 millions d'euros.

Depuis quelques années ces salaires ont fortement augmenté (+80% entre 2000 et 2003), notamment du fait de l'importance prise par les stock-options - la France, à l'exemple de la Coupe du Monde est vice-championne du monde en la matière derrière les Etats Unis. Autre motif d'inflation : le manque de transparence dans l'attribution des salaires fixés par les comités de rémunération qui sont peu indépendants et composés de dirigeants d'autres entreprises notamment. Dès lors par un jeu de chaise musicales, untel attribue un bon salaire à un dirigeant qui lui renvera l'ascenseur dans sa propre entreprise. Ces copinages sont d'autant plus simples que les dirigeants français sont issus des mêmes écoles et fréquentant les mêmes clubs "d'amitiés".

Les salaires officieux des patrons se décomposent ainsi : les stock-options sont des primes calquées sur les résultats en Bourse d'une entreprise, les golden hellos sont des primes de bienvenue (Jean-Charles Corbet, dont l'entreprise était au bord du gouffre s'était ainsi attribué 800 000 € de prime), les golden parachutes sont les primes de départ, les retraites-chapeau sont des rentes versées à l'ex employeur partant à la retraite. Citons aussi les jetons de présence aux conseils d'administrations des potes. Ainsi Daniel Bernard touchait 60 000 € par an pour simplement assister aux conseils d'administrations d'Alcatel et de Saint Gobain.

Ce qu'il y a de choquant est le fait que ces salaires ou ces primes jouent même si l'entreprise du dirigeant connait des difficultés financières, parfois de leur faute (citons Pierre Bilger à Alsthom qui a finalement renoncé à ces rémunérations, Jean-Charles Corbet à Air-Liberté ou Igor Landau d'Aventis). Ou le fait que ces rémunérations ne sont pas forcément justifiées par un travail : ainsi Gérard Collomb, retraité, touche 1,3 million d'euro pour assister à 7 réunions de conseil d'administration par an, même situation pour messieurs Dubrulle et Pélisson qui touchent 1,2 million pour 12 réunions annuelles.

Peu de choses ont été faites pour encadrer ces déviances. Au Pays-Bas les rémunérations des patrons d'entreprises publiques ou semi-publiques sont plafonnées, et une taxe sur les bonus de rémunération est à l'étude, en Allemagne et aux Etats Unis une plus grande transparence est réclamée sur les rémunérations avec l'obligation de les publier et de motiver les critères de celles-ci.

En France, seuls Michel Voisin et Pascal Clément (UMP) ont fait des propositions d'encadrement. Mais face au lobby patronal, celles-ci sont passées à la trappe.

Plusieurs solutions sont envisageables : soumettre les salaires exceptionnels au vote des actionnaires en Assemblée Générale, suspendre leur attribution en cas de difficultés financières de l'entreprise ou de licenciements, supprimer les golden hellos, limiter le nombre de mandats d'administrateur (pour les comités de rémunération), responsabiliser et sanctionner les conseils d'administration ou motiver les rémunérations exceptionnelles.

vendredi 23 novembre 2007

L'insécurité dans les tribunaux français : pire que les banlieues!

A l'heure où Rachida Dati-Boccolini est en train de dépecer progressivement le tissu judiciaire français, il convient de s'arrêter un instant sur la situation de la Justice dans notre beau pays.

Tout d'abord, la France souffre d'un manque de personnel : il y a ainsi 7 500 magistrats pour traiter 5 millions d'affaires par an, 250 juges d'application des peines pour traiter 180 000 dossiers, 569 juges d'instructions pour 35 000 affaires. Entre 1867 et 1997 le nombre de magistrats n'a pas varié alors que la population française a doublé! Face à ces problèmes d'effectifs les conséquences sont évidentes : les magistrats sont recrutés à la sortie des écoles, sont parfois jeunes et inexpérimentés. Par ailleurs la France connaît la charge de travail judiciaire la plus lourde de l'Union Européenne après la Norvège.
La France ne consacre que 1,6 % de son budget soit 0,6 % de son PIB à sa justice, ce qui la classe au 23ème rang sur 25 en Europe. Ces problèmes de budget affectent les interlocuteurs de la Justice: ainsi à Perpignan 600 expertises sont en attente de paiement, au niveau national de nombreux médecins légistes connaissent aussi des retards de paiement.
Ainsi à Bobigny en 2001 il y avait 25 000 affaires en attente d'enregistrement, 18 000 dossiers étaient effectivement traitées par les juges (soit 1 600 par personne), les crimes étaient jugés trois ans après leur réalisation.

Au-delà de ces problèmes financiers et humains, la France connaît des problèmes dans le temps de gestion des dossiers : à Reims le traitement du courrier avait quatre mois de retard en 2001. Ainsi Mario-Luis Cragheiro, vice-président du Tribunal Correctionnel de Reims confesse que malgré des semaines de 60 heures de travail il n'approfondit pas ses dossiers pour éviter de finir chaque jour à cinq heures du matin. Nombre de juges et de magistrats affirment lire en diagonale leurs dossiers, ne plus avoir le temps d'étudier les nouveaux textes juridiques. La France a ainsi été condamnée de nombreuses fois par la Cour de Justice de la Communauté Européenne pour la lenteur de sa justice : un an en moyenne pour un dossier contre un mois et demi en Grande-Bretagne...
Le salaire moyen d'un magistrat est de 23 800 euros annuels contre 77 200 au Danemark.

Concernant l'insécurité dans les tribunaux, produit de ces problèmes financiers et humains, selon un récent sondage, 57 % des Français interrogés avouaient que le premier sentiment que leur inspirait leur Justice était...la peur. En effet, si l'opinion publique s'est focalisée sur le procès d'Outreau, celle-ci ne se rend pas encore compte de l'état pitoyable de sa justice, véritable bourgeon d'Outreaux futurs.
Rappelons les rapports publiés par le Conseil de l'Europe et la Commission européenne pour l'efficacité de la justice ont classé la France 23ème pays européen sur 25 concernant divers critères judiciaires (budget, accès à la justice, personnel...). Les chiffres sont plus qu'éloquents: elle consacre 28,35 € par habitant et par an à sa justice, contre 53,13 € en Allemagne ou 64,41 € au Portugal; possède 0,5 procureur pour 20 000 habitants contre 1,5 en Allemagne, et 10,37 juges professionnels pour 100 000 habitants contre 25,3 en Allemagne.

Ces problèmes financiers et de personnels font qu'il est devenu plus dangereux d'entrer dans un tribunal que dans n'importe quelle banlieue française.
Ainsi en 2005, la Justice française a accordé plus de 585 années de prisons à des innocents : la détention préventive qui consiste a incarcérer une personne qui n'a pas encore été jugée concerne 35 à 40 % de la population carcérale française (contre une moyenne européenne de 20 %). Nul n'est à l'abri de l'erreur judiciaire.
Même si la gauche a tenté d'encadrer ses pouvoirs entre 1997 et 2002 (en imposant un contrôle de ses actes et une obligation de motiver de ceux-ci), le juge d'instruction, qui est à la fois enquêteur et arbitre du procès, continue d'exercer des pouvoirs exorbitants. Cette déviance est accrue par le système inquisitoire à la française qui, contrairement au système accusatoire, donne un monopole au juge dans le procès, au détriment du justiciable.
La loi Perben II a accru ces atteintes au droit de la défense et aux Libertés publiques en instaurant le plaider coupable. Celui-ci supprime le recours protecteur de la Justice et du procès en lui substituant la négociation directe juge-accusé. Cette relation forcément déséquilibrée instaure un Etat d'exception permanent, qui fait penser à l'Etat d'urgence sous l'Apartheid en Afrique du Sud qui permettait de suspendre la Constitution et la Loi lorsque la Patrie s'estimait en danger. Un de ces état d'urgence a duré deux ans...

Au-delà de cette insécurité juridique, il existe aussi une insécurité financière : la loi organique relative aux lois de finances impose aux tribunaux une culture de gestion digne des meilleures multinationales. Ainsi en 2006 elle a attribué à la Justice un budget de 370 millions d'euros, alors que celle-ci table sur des dépenses de 600 millions d'euros! Du coup les tribunaux vont devoir contrôler leurs frais de justice, sachant que ceux-ci devront être estimés a priori (invitons les juges à consulter Elisabeth Teissier pour savoir si un deuxième AZF - 1,5 millions d'euros de frais d'expertise - n'apparaît pas dans les astres) et que ces crédits seront limitatifs, donc impossibles à augmenter en cours d'année. Déjà dans plusieurs villes des experts et des médecins légistes ne sont plus payés depuis des mois (cf supra). En outre, une culture du productivisme à faire pâlir toute usine se développe dans les tribunaux.

Afin de lutter contre cette insécurité dont Walker Texas Sarkozy ne parle jamais, il convient de réserver la détention provisoire aux individus dangereux ou susceptibles de supprimer des preuves, d'encadrer et de contrôler les jeunes juges et les juges d'instruction, d'augmenter les moyens financiers et humains, d'évaluer les experts et les magistrats. Au même titre que la Grande Bretagne on peut instaurer des conseils citoyens chargés de contrôler l'action de la justice ou favoriser l'échevinage qui permet à un citoyen d'être co-juge d'une décision judiciaire. Enfin abroger les lois Perben II et favoriser les actions récursoires de l'Etat contre les juges qui font des erreurs, peu appliquées.
Edgar Faure disait que la Justice était le seul service public où les fonctionnaire étaient payés pour contredire les hommes politiques. Dans un véritable état de droit, on comprend mieux l'hostilité de la Droite à favoriser ce dangereux contre-pouvoir: Alain Juppé ou Charles Pasqua ont tellement été victimes des racailles des tribunaux.

mercredi 21 novembre 2007

Jean Marie Le Pen et l'Algérie : le passé d'une future star

On dit qu'un arbre qui a des mauvaises racines donne de mauvais fruits. La Cinquième République ne déroge pas à ce principe. Née pendant la guerre d'Algérie, où très rapidement la pratique de la torture y fut dénoncée et démontrée, elle annonçait déjà un beau destin.
Si depuis, nombreux ont dénoncé l'exercice de la torture en Algérie, l'histoire qui suit est un peu moins connue. Le 27 septembre 2005, la Cour de cassation devait se prononcer sur un pourvoi de Jean Marie Le Pen pour diffamation à l'encontre du journal Le Monde.

L'histoire se passe en 1957. Alors député à l'Assemblée nationale, Jean Marie Le Pen – le Jean Paul II de la politique française (l'alzheimer et la tenue blanche en moins) - s'engage dans la légion étrangère.
Selon l'article mis en cause publié par Le Monde, le 22 mars 1957 vers 22 heures, un groupe d'une vingtaine de parachutistes dirigé par un grand lieutenant blond fait irruption au 7 rue des Abencérages dans la Casbah, chez Ahmed Moulay, militant du FLN. Sa femme et ses fils reconnaissent cet homme comme étant Jean Marie Le Pen : celui-ci fera en effet la une des journaux peu de jours plus tard lorsqu'il recevra la croix de guerre du général Massu.
Ahmed Moulay est immédiatement frappé par les paras, projeté dans les escaliers, ses vêtements sont arrachés. On l'attache nu entre deux piliers, on le roue de coup et on le torture à mort devant sa femme et ses enfants. On lui fait ingurgiter de l'eau, on lui saute dessus (témoignage de son fils Mohamed Chérif).
On passe alors à l'électricité. A un moment on entends un cri, puis un silence, puis l'un des militaires : « mon lieutenant, il est mort! » (témoignage de son frère, Rachid Bahriz).
Les militaires le trainent dehors, le rhabillent et lui lâchent une rafale de mitraillette afin de faire croire qu'il a été abattu parce qu'il tentait de fuir.

Malheureusement pour notre Jean Paul II de la politique Mohamed Chérif retrouve un ceinturon avec un poignard qu'un des hommes a oublié. Celui-ci est un poignard des Jeunesses hitlériennes, gravé des mots : « JM Le Pen, 1er REP ». Il le conservera dans le buffet familial jusqu'en 2003, jusqu'à ce qu'une journaliste du Monde, Florence Beaugé, vienne l'interroger...

Source : « Histoire secrète de la Cinquième République » (La Découverte), fondé sur la décision de la Cour de cassation du 27 septembre 2005, et l'ouvrage Florence Beaugé « Algérie, une guerre sans gloire. Histoire d'une enquête »

mardi 20 novembre 2007

Les médias contre la terreur bolchévique!


Les médias ont-ils réussi à cloner l'inimitable Francis Kuntz? A la vision du traitement médiatique du mouvement social actuel, on a l'impression que le journaliste de Groland réputé pour ses reportages réactionnaires et engagés s'est soudain démultiplié.

Les médias nous présente tout d'abord une France, véritable village Potemkine. Ce Potemkine, qui pour flatter Catherine II de Russie aurait construit des faux villages en Russie, villages dignes des Bisounours. Pratique imitée cent cinquante ans plus tard par les communistes russes, afin de tromper les touristes politiques, notamment français.

Dans le village Potemkine France, un nouvel acteur apparait : l'usager. Celui-ci "galère", est "pris en otage" par des "privilégiés". Les reportages fleurent bon le pathos, les caméras suivent des usagers dans leur galère quotidienne : embouteillages, métros bondés, réveils à 4 heures du matin. Et ces usagers parlent : "y en a marre", "c'est toujours pareil"...on ne parle plus des négociations ou des décrets gouvernementaux, on ne parle plus que de l'usager qui râle contre les Rouges.

Dans le village Potemkine France, on ne fait référence qu'aux sondages des Français qui désapprouvent l'action des bolchéviques...euh des cheminots, les radios n'interrogent que des auditeurs qui sont contre le mouvement et veulent simplement travailler, car ils n'ont pas la sécurité de l'emploi, eux.
Le conflit est dramatisé, le rationnel est exilé.

Pendant ce temps qui parle de l'absence surprenante de Nicolas Sarkozy dans le débat? qui parle de la répartition du financement des retraites entre le travail et le capital? qui parle du régime spécial des parlementaires (Benoist Apparu, jeune député UMP a voulu en parler lors d'une réunion du groupe parlementaire UMP le 16 octobre dernier...il a été vite calmé)? qui parle de la pénibilité des conditions de travail et du décalage d'espérance de vie entre cadres et ouvriers?
Si les salariés doivent connaitre un nivellement par le bas de leurs conditions de travail, quid de Nicolas Sarkozy et du nivellement par le haut de son salaire (+ 172 %).

Car dans le même temps la France se classe dans le top 5 au monde en matière de productivité et de réception d'investissements directs étrangers, et une étude prouve que sur les dix huit pays les plus industrialisés, la France se classe onzième en nombre de jours de grêves pour la période 1990-2005.
Autant d'élèments que les usagers interrogés par nos médias occultent. Alors après les photos retouchées par Staline, les grêves retouchées par nos Francis Kuntz?

Tahiti-Paris : 200 euros aller-retour!

Dans son édition du 31 octobre dernier, le Canard Enchainé nous démontre une nouvelle fois la grande générosité du contribuable français. L'histoire se passe en Polynésie française, haut lieu d'anomalies financières que nous avions déjà dénoncés dans le texte "Gaston Flosse, l'homme qui voulait être roi" (disponible dans "Nos dossiers").

Pour résumer l'Etat propose des tarifs plus avantageux que les companies low coast pour les déplacements Papeete-Paris : 200 € pour un aller-retour, avec 1 400 € en moyenne payés par le contribuable par voyageur!
A l'origine pourtant une bonne idée : au nom de la continuité territoriale est institué en 2003 et 2004 une aide au transport
pour les Polynésiens, avec des conditions précises (ressources, exclusion des fonctionnaires...).

Jamais à court d'idées Gaston Flosse décide alors d'étendre ce dispositif aux associations, pour des raisons notamment électorales. Dès lors le nombre de bénéficiaires double, et surtout la vie associative locale se fait plus dynamique car le nombre d'associations augmente!
Saluons ainsi "L'association des amateurs de la gastronomie et de l'oenologie françaises" qui ont fait le tour des châteaux du Bordelais au frais du contribuable, "Les amis du Louvre", venus plusieurs fois à Paris, comme "Les amis du Musée de Marseille", on attends toujours la création du fan club de Sébastien Chabal...
Surtout les fonctionnaires peuvent à leur tour bénéficier du dispositif en le détournant par la création d'amicales.

Si Gaston Flosse n'est plus au pouvoir, on voit que son esprit est toujours là.

lundi 19 novembre 2007

Elf et les détournements de pétrole

Selon André Guelfi, un des intermédiaires d'Elf, « si la justice devait mettre en prison tous ceux qui ont touché de l'argent d'Elf, il n'y aurait plus grand monde en France pour former un gouvernement ».
Depuis l'indépendance du Congo en 1960, Elf (Elf Aquitaine devenue ensuite Total après l'absorbtion par TotalFina en 2000) a été à l'avant garde de l'affairisme par ses détournements, corruptions, ingérences politiques et achats d'armes.
Crée en 1965, cette entreprise fut instituée entre autres dans le but d'être un service de renseignement (son premier dirigeant était un ancien des services secrets), être un organe de diplomatie occulte, elle a fait aussi la promotion de certains dirigeants (Bongo, Biya).
Le système Elf comportait trois étages.
Elf payait ainsi des frais de reconnaissance ou des « bonus » pour exploiter un territoire. Dans les faits ceux-ci donnaient lieu à de la corruption voire des détournements : ainsi Denis Sassou Nguesso a bénéficié de nombreux bonus.
Les « abonnements » qui sont des commissions versées sur le compte personnel de chefs d'Etat africains pour chaque baril vendu! Selon le juge Van Ruymbeke ces sommes atteignent une soixantaine de millions de dollars par an.
Le « préfinancement » est un prêt financier en contre partie de droits sur des barils de pétrole encore enfouis.
Grâce à des montages financiers astucieux, des bénéfices importants pouvaient être réalisés par un jeu de taux d'intérêt avec la complicité des banques suisses, de nombreux intermédiaires se voyaient gratifiés.
En outre pour compliquer le tout Elf avait différentes filiales : Elf Aquitaine, Elf Congo, Elf Gabon, Elf Trading, FIBA. L'entremêlement des liens entre ces filiales étant ce qu'il est Elf trichait sur la quantité et la qualité du pétrole afin de mentir sur le prix du pétrole et avait quelques cargaisons fantômes toujours pour dissimuler une part du pétrole des comptabilités officielles.
Retenons, simple information, qu'Elf Afrique fut longtemps dirigée par André Tarrallo, ami de Charles Pasqua.

samedi 17 novembre 2007

La Françafrique, la machine à détourner

Dieu merci, l'Afrique ne nous a pas servi qu'à nous fournir des footballeurs. Elle nous a aussi servi à nous fournir du fric. Après l'indépendance des Etats africains, le Général de Gaulle et Jacques Foccart ont en effet bâti un système - la Françafrique - afin de maintenir un contrôle de fait sur ces Etats, de permettre un accès de la France aux matières premières, à tarif privilégié, mais aussi de détourner des fonds.

Comme on l'a vu précédemment il s'agit notamment de l'aide publique au développement (article du 16 octobre 2007). Mais les détournements sont bien divers.

Une affaire l'a bien illustrée : celle du Carrefour du développement dans les années 80. Dans cette affaire plusieurs millions d'euros ont disparus des fonds du ministère de la coopération et cette ONG s'est signalée par diverses anomalies comptables. En cause Christian Nucci et Yves Chalier, tous deux socialistes. Par chance l'association s'est fait cambrioler. A la suite d'une enquête on découvre que seuls des documents comptables (qui sont des élèments de preuve dans cette affaire) ont été volés et qu'il n'y a eu aucune effraction lors du vol. Après une enquête de la brigade financière on découvre que l'ONG a servi de pompes à fric pour des détournements de fonds (achat d'un chateau, d'un appartement...). Après une longue fuite Yves Chalier décide de rentrer en France et de se rendre à la justice, on remarque alors qu'il est titulaire d'un vrai-faux passeport, délivré par les services secrets probablement sur ordre de Charles Pasqua...au final Nucci sera amnistié grâce à la loi d'amnistie votée par le PS et le RPR alors que Charles Pasqua le sera par le biais du secret défense.

Autre mode de détournement : les opérations humanitaires. Ainsi lors de la guerre civile au Nigéria dans les années 60-70, concernant la sécession du Biafra (cette guerre avait été favorisée par Elf afin de mettre en difficulté ses concurrents anglo-saxon BP et Shell et conquérir des parts de marché, par la France pour lutter contre les l'influence anglaise, par les dictateurs francophones pour affaiblir un concurrent régional), ou pendant l'opération Turquoise au Zaïre en 1994 de nombreuses ONG ont constaté que la France faisait parvenir sur place des caisses de produits humanitaires remplies d'armes dont on peut douter de la gratuité. Même chose à l'époque de l'Apartheid ou en dépit de l'embargo sur l'Afrique du Sud, la France s'est livrée au trafic d'armes par le biais de marchés parallèles.

Les matières premières donnent aussi lieu à des détournements. Citons l'ex-Président togolais Eyadéma dont la gestion de l'Office togolais des phosphates - au main de son clan - avait une vingtaine de sociétés-écrans domiciliées à Jersey, au Panama, au Libéria ou en Suisse. Au Zaïre l'entreprise d'Etat Gécamines qui s'occupe de cuivre et de cobalt a viré en 1978 un milliard de dollars sur le compte du Maréchal Mobutu sans aucune contestation. Citons aussi le cas du versement par la Caisse centrale de coopération de 60 millions d'euros (caisse française) à un organisme ivoirien de stabilisation des cours de cacao sur les conseils très insistants de Jean-Claude Mitterrand en 1989. Quelques années plus tard on découvre alors que la moitié de cette somme a disparu dans le paradis fiscal de Jersey...

Aux Comores les casinos et l'hotellerie servent au blanchiment de capitaux.

Au final cet argent servira à l'enrichissement de dictateurs africains tels que Mobutu (9 milliards d'euros à sa mort) ou Houphouët-Boigny (6 milliards seulement) ou à des partis politiques françaises. Notons que le Front National ("mains blanches et têtes hautes"), n'est pas en reste dans les affaires africaines par le biais du DPS (Département protection-sécurité), son service d'ordre, ou par le GUD qui recrute quelques jeunes en mal d'aventures, ou par quelques uns de ses hommes tels que les frères Bernard et Nicolas Courcelle ou François-Xavier Sidos.

La fraude fiscale aux Etats Unis : du délit au business

Dans un article de février 2004, le magazine Alternatives économiques enquêtait sur la fraude fiscale aux Etats Unis en se basant sur un rapport du Sénat américain. Selon cette enquête une véritable industrie dans ce domaine s'y est développée. En cause les plus grands cabinets comptables (KPMG, Ernst & Young, Pricewaterhouse et Deloitte & Touche) qui ont organisé ce business. 11 à 15 milliards de dollards échapperaient ainsi au fisc chaque année, auxquels il faut ajouter 12,5 milliards de recettes perdues par les Etats soit au total 35% de leur impôt sur les sociétés.

Ces cabinets ont développé une activité de conseils aux entreprises (KPMG compte ainsi 10 300 fiscalistes), où ils favorisent l' "optimisation" des déclarations de revenus. KPMG a ainsi institué le Tax Innovation Center qui vise a créer des produits financiers afin d'échapper à l'impôt, fondé sur le même mécanisme: créer une source de pertes comptables pour compenser les revenus imposables. Ensuite pour justifier la légalité de ces produits les cabinets remettent une "opinion letter", document remis par un avocat d'affaires contre 50 000 à 75 000 dollars. Les comptes sont alors contrôlés par des commissaires aux comptes, travail effectué par le cabinet d'audit qui a conseillé la fraude!

Pour illustrer ces propos prenons l'exemple du "Blips" (bond linked issue premium structure) qui est une de ces pratiques conseillée par ces cabinets. Prenons le cas d'un contribuable qui a un revenu imposable de 20 millions de dollars et qui ne souhaite rien payer. Dans une première étape il créé une société bidon qu'il dote d'un capital de 7% (1,4 million de dollars) qui servira à payer les commissions de tous les intermédiaires de l'affaire; dans un deuxième temps cette société demande un prêt bancaire de 50 millions, comme c'est une petite société la banque lui propose des taux d'intérêt supérieurs à ceux du marché plus un supplément de prêt de 20 millions (dissimulables) pour compenser ces taux majorés; dans un troisième temps une société de conseil en investissement propose à la société-écran de créer ensemble un fonds d'investissement qui lui transfère tous les fonds (1,4+50+20 millions de dollars); au final le contribuable se retire du fonds au bout d'un à six mois, il récupère son argent pour rembourser son prêt, avoue au fisc avoir eu un surcoût dans ces affaires,soit des pertes de 21,4 millions. Le contribuable n'est plus imposable et fait même payer au fisc la commission de 1,4 million qu'il a versé pour pouvoir le frauder! KPMG vendait près de 200 Blips par an et lui ont rapporté 53 millions de dollars.

Un sénateur américain a fait quelques propositions pour légiférer sur ce domaine mais celles-ci ont avorté car les cabinets d'audit comptent de nombreux lobbies (American Institute of Certified Public Accountants, Financial Executives International, Financial Services Roundtable, Tax Executive Institute) qui veillent. Par ailleurs, selon un ancien dirigeant du fisc américain 80% des fraudeurs identifiés échappent aux poursuites du fait du manque de moyens, une aubaine pour les fraudeurs.

vendredi 16 novembre 2007

MEDEF ou comment détourner plus pour gagner plus

Alors que le MEDEF a fait la une de nos journaux ces dernières semaines pour une affaire de caisse noire mettant en cause notamment Denis Gautier-Savagnac et l'UIMM, le site Rue 89 et France Inter révèlent une nouvelle affaire de caisse noire du syndicat des entrepreneurs.

Dans cet article (http://www.rue89.com/2007/11/07/medecine-du-
travail-lautre-caisse-noire-du-medef), Rue 89 indique que la médecine du travail, censée protéger les salariés, fait l'objet de détournements de la part du MEDEF.
La médecine du travail gère tout d'abord un pactole d'un milliard d'euros.
Cependant de nombreuses fraudes ont été constatées dans la gestion de ces fonds : emplois fictifs, voyages somptueux, notes de frais et salaires de complaisance.

Ainsi dans le 9-2 (le Sarcelles de la délinquance financière), le MEDEF profite des fonds de la médecine du travail pour financer les acquisitions immobilières.
Dans la belle ville d'André Santini, Issy-les-Moulineaux, le service de médecine du travail est même plus généreux : prise en charge des salaires, voiture de fonction, frais matériels...
Hors du 9-2, d'autres cas : salaires extravagants à Toulon, financement d'une voiture de fonction à la Réunion, financement de vacances persos en Turquie, Tunisie et au Brésil pour une comptable de Pau...

Alors que le MEDEF critique depuis des années l'archaïsme des exigences des syndicats et des travailleurs français, qui devraient selon lui se serrer la ceinture, on ne peut que s'étonner devant de tels détournements de la part de celui-ci dont certains membres n'hésitent plus à enlever la ceinture, devant l'importance de leurs avantages.
Dans le même temps, les conditions de travail des salariés français se dégradent, faisant des milliers de morts par an (cancers professionnels : plus de 15 000 morts par an, l'amiante : 8 morts par jour...).
Alors camarades salariés, décédons plus pour qu'ils gagnent plus.

mardi 13 novembre 2007

Liberté, égalité...égalité?


"Les valeurs qu'exprimait la Révolution étaient sur le frontispice de tous nos monuments, mais ce que ces valeurs exprimaient n'était nulle part". Ces propos exprimés par Talleyrand sont toujours d'actualité : alors que la République française se glorifie de ses valeurs de Liberté, d'Egalité et de Fraternité, ou de sa volonté de juger les citoyens en vertu de leurs qualités personnelles et non sur des critères de physique ou de naissance, la réalité prouve que le combat républicain est loin d'être clot.
Ainsi, alors que plus de la moitié des citoyens français sont des citoyennes on constate que le champ de la justice sociale semble s'être peu étendu aux femmes.

La justice, c'est tout d'abord la justice en matière économique. Hors les chiffres sont éloquents : ainsi alors qu'elles représentent 55 % des diplômés les femmes occupent 80 % des emplois précaires, 24 % des postes de direction, 6 % des places dans les conseils d'administration des entreprises du CAC 40, elles représentent 83 % des bénéficiaires de minimum vieillesse ou 61 % des allocataires du RMI.
Au-delà de cette réalité chiffrée les femmes sont aussi celles qui sont le plus victimes de discriminations à l'embauche, dans les promotions professionnelles ou dans les augmentations de salaires. En moyenne le salaire d'une femme est de 19 % moindre à celui d'un homme, et de 11 % moindre lorsqu'ils bénéficient tous deux du même profil (âge, diplôme, expérience...).

La justice c'est aussi la justice en matière politique. Il y a près de deux siècles Olympe de Gouges affirmait : « La femme a le droit de monter à l'échafaud ; elle devrait aussi avoir le droit de monter à la tribune ». Si le droit de monter à l'échafaud a été supprimé, le droit de monter à la tribune est lui limité : 12 % des parlementaires sont des femmes alors qu'elles représentent 53 % du corps électoral, ce qui classe la France au 84ème rang mondial en matière de parité politique. Certains partis préfèrent payer des amendes que respecter la loi sur la parité. Ainsi l'UMP présente seulement 26 % de femmes aux législatives de 2007.
Au-delà de ces chiffres, l'exemple de l'expérience de la candidature de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007 prouve les a prioris de la société française (« elle est pas compétente », « elle n 'a pas les épaules », « elle connait rien en politique internationale »...).

La justice c'est par ailleurs la justice en matière judiciaire : les violences conjugales causent un décès tous les trois jours et est la première cause de mortalité féminine en Europe dans la tranche d'âge des 18-44 ans. Elles touchent 400 000 femmes en France. Selon un rapport du ministère de la santé de 2001, 30 % des victimes sont mortes poignardées, 30 % abattues par arme à feu, 20 % étranglées et 10 % rouées de coups jusqu'à la mort. Souvenons nous qu 'en 2002 Jacques Chirac, qui avait fait une campagne présidentielle axée notamment sur la tolérance zéro, a amnistié dans sa loi d'amnistie de 2002 les auteurs de violences contre les femmes mais pas les auteurs de violences contre les animaux...

La justice c'est enfin la justice en matière internationale : dans certains pays des femmes se font assassiner pour des raisons financières (Inde), pour des raisons culturelles (le crime d'honneur dans certains pays musulmans), dans de nombreux pays elles subissent des discriminations politiques ou sociales (mariages forcés, excision, esclavage...).

La Sixième République que nous appelons de nos voeux n'est pas qu'un ensemble de mesures purement institutionnelles : c'est aussi la défense d'une certaine éthique et de certaines valeurs. A ce titre le combat pour une véritable équité entre hommes et femmes est une nécessité de notre combat républicain : l'égalité n'est pas un idéal, c'est un combat.

mardi 6 novembre 2007

Les multinationales de l'eau vont toujours très bien

Dans un précédent dossier (http://dossiersanticor44.blogspot.com/
2007/10/de-lor-bleu-lor-vert.html), nous nous étions intéressés aux multinationales de l'eau qui font parties des championnes en matière d'opacité, de corruption et de lobbying. L'actualité récente ne fait que le confirmer.

Dans une enquête du 29 octobre dernier, UFC Que choisir dénonce les prix "souvent très faramineux" de l'eau dans les grandes villes françaises et les "bénéfices faramineux" de Veolia et Suez.
Parmi les champions, le SEDIF (Ile-de-France), la presqu'île de Gennevilliers et Marseille dont près de 60 % du prix facturé au consommateur vont au seul bénéfice du privé!
Dans cette étude, UFC met aussi en lumière le fait que la gestion en régie municipale de l'eau permet une diminution substantielle des factures comparée à la gestion en délégation privée.

Le 31 octobre, le Canard enchaîné s'interroge lui sur une somme de 160 millions d'euros disparues à Lille. Afin d'effectuer des travaux, les multinationales de l'eau demandent des avances sur travaux aux collectivités, "les provisions". A Lille, la société des eaux du Nord (Veolia + Suez) a ainsi amassé 160 millions d'euros à ce titre entre 1985 et 1997.
Dès 1997 la chambre régionale des comptes s'interroge sur l'utilisation de ces fonds. Suite à un avenant au contrat la société s'engage à réaliser des travaux supplémentaires et à créer une centaine d'emplois. Hors depuis 56 emplois auraient été au contraire supprimés.
La justice doit être saisie sur cette affaire, et un audit extérieur être réalisé.
En tout cas cette affaire est loin d'être isolée : dans leur ouvrage "L'eau des multinationales" Jean Luc Touly et Roger Lenglet affirmaient que les multinationales de l'eau auraient accumulé 4,5 milliards d'euros pour effectuer des travaux...somme pourtant inutilisée! Ils mentionnent même le cas d'une partie de cette somme retrouvée sur un compte irlandais afin de la faire fructifier!

Traditionnellement le domaine de l'eau est un haut secteur de la corruption d'élus en France (affaires Carignon, Noir-Botton...). Plutôt que faire le choix de la résignation il est nécessaire que les élus aient une prise de conscience et que les citoyens continuent à dénoncer et à informer.
Pour plus d'infos : http://lesamisdanticor44.blogspot.com/2007/09
/eau-et-opacit.html