dimanche 30 septembre 2007

Gilbert Montagné à l'AFP

Un peu de culture dans ce blog ne fait pas de mal. Nombreux s'interrogent sur l'actualité de Gilbert Montagné, le Mozart du vingtième siècle.
Le site d'Arrêt sur Images semble nous apporter une réponse : d'après une de leur chronique (http://arretsurimages.net/post/2007/09/26/
Ahmadinejad-absent-ou-present-a-lonu), notre Mozart national se serait recyclé dans le journalisme auprès de l'AFP.

Cette chronique explique ainsi qu'une dépêche de l'AFP relatait que lors d'un discours de Nicolas Sarkozy à l'ONU Mahmoud Ahmadinejad serait resté "impassible".
Malheureusement (cf le reportage de France 2) de cette impassabilité, aucune image. Et pour cause, comme le révèle cette chronique, Mahmoud Ahmadinejad avait quitté la salle depuis plus d'une heure...ce qui n'a pas empêché le correspondant de l'AFP de rédiger une dépêche décrivant ses réactions lors du discours de notre Président, alors qu'il n'était plus dans la salle.

Après tout l'AFP a peut être engagé l'héroine de la série "Médium" qui a des visions.
Mais bon si ça n'est pas le cas, on préfèrerait comme même que Gilbert se remette à la musique.

mercredi 26 septembre 2007

Eau et opacité

La grande évolution du capitalisme moderne est la concentration de l'activité autour de quelques multinationales : à la concurrence pure et parfaite ont succédé les oligopoles voire les monopoles. Le secteur de l'eau en est le parfait reflet : ainsi 70 % du marché est monopolisé par trois multinationales à savoir Véolia-Vivendi (ex-Compagnie Générale des Eaux), Suez (ex-Lyonnaise des Eaux) et SAUR-BNP-Bouygues.
En France dans 88 % des marchés publics une de ces trois entreprises apparaît et dans 31 % des cas une de ces trois entreprises est la seule présente dans les marchés. Dans certains endroits – notamment en Ile-de-France – la répartition des marchés est digne de la mafia.

Ce qui caractérise la gestion de l'eau c'est le manque de transparence.
Ce manque de transparence apparaît de manière générale sur certains points : ainsi certaines multinationales constituent des bureaux d'études ou des entreprises de construction bidons, afin de gonfler leurs frais et surtout détourner un peu d'argent aux profits de leurs potes.

Ce manque de transparence apparaît aussi par des détournements de fonds publics : traditionnellement la Compagnie Générale des eaux avait été chargée du domaine commercial alors que la Mairie de Paris s'occupait des gros investissement. Ce système perdure car les multinationales profitent du fait que les gros investissements les concernant sont réalisés par les pouvoirs publics, c'est-à-dire par les contribuables, même si elles font d'importants bénéfices.
Ce manque de transparence apparaît aussi au niveau comptable : plusieurs rapports de la Cour des comptes mettent en cause des frais commerciaux ou informatiques anormalement excessifs ou de nombreux oublis comptables élémentaires.

Ce manque de transparence concerne notamment les « provisions ». Ce concept permet aux multinationales de l'eau de demander aux collectivités locales d'avancer des fonds pour leur permettre de financer l'entretien des canalisations, dans un état dépassé dans beaucoup de communes françaises. En tout 4,5 milliards d'euros ont été avancés en France alors qu'aucuns travaux n'ont été effectués! Dans leur ouvrage « L'eau des multinationales », Jean-Luc Touly et Roger Lenglet font ainsi mention d'une somme de 27 milliards d'euros de provisions accumulées par Vivendi-Veolia non utilisée qui a été finalement détournée vers un compte irlandais afin d'en retirer des intérêts. Vivendi-Veolia essaie de trouver des arguments rationnels, toujours est-il que l'utilisation de ces fonds a l'apparence d'un détournement en bonne et due forme.

L'opacité apparaît aussi concernant la qualité de l'eau mise en bouteille, moins contrôlée que l'eau du robinet : un tiers de l'eau en bouteille serait contaminée, un quart ne serait que de l'eau du robinet ayant subi quelques manipulations.

L'opacité concerne aussi le musellement des contre-pouvoirs éventuels : ainsi par le pantouflage les multinationales de l'eau bénéficient de réseaux d'influence et de taupes dans le monde judiciaire; concernant le syndicalisme Jean-Luc Touly raconte comment Vivendi muselait les syndicats : salaires gonflés pour les permanents syndicaux, avantages en nature (voiture de fonction, primes annuelles de 10 000 €...) ou procédures judiciaires répétées contre les rebelles, de quoi pousser les syndicats à soutenir une direction si généreuse. Et si des questions ou contestations apparaissent de la part de certains élus, les multinationales de l'eau ont rédigé un argumentaire type pour noyer le poisson.

mercredi 19 septembre 2007

La COFACE, vache à lait de la Françafrique

La Françafrique n'est pas morte. Ce système bâti par le Général de Gaulle et Jacques Foccart dans les années 60 avait pour but de maintenir de facto dans la dépendance les pays de l’Afrique coloniale française auxquels l’indépendance venait d’être donnée. Quatre motifs majeurs fondaient ce système : la nécessité pour la France de conserver son rang à l’ONU malgré la décolonisation; l’accès de la France aux matières premières; le financement occulte des partis politiques français; une coopération avec les USA en Afrique dans le cadre de l’extension de la guerre froide à ce continent

Ses moyens d'action : la sélection de chefs d’Etat « amis de la France » et l'élimination des rebelles (illustrée par exemple par des assassinats politiques ou le recours à la fraude électorale); une complicité active de ces chefs d’Etat en facilitant leur enrichissement au point que leur fortune (Mobutu et Houphouët-Boigny étaient milliardaires à leur mort) équivaut à la dette de ces pays; l’omniprésence des services secrets français auprès d’eux et leur « couverture » par Elf, créée en 1967 à cette fin, mais aussi assurer des parts de marché à quelques multinationales françaises; des mercenaires (Bob Denard, ou des membres des services d'ordre du FN…), électrons libres, toujours défendus par les services secrets.

Ce sujet valant plus qu'un simple message de blog, arrêtons nous nous un instant sur la COFACE, financier entre autre du système.
La Coface ou Compagnie française d'assurances pour le commerce extérieur est une agence d'assurance crédit aux exportations françaises et gère pour le compte de l'Etat les garanties publiques à moyen et long termes des grands contrats civils et militaires à l'exportation. Cette Compagnie est financée par les contribuables français pour un montant annuel de 5 à 8 milliards d'euros qui paient donc en cas de défaillance du client, mais aussi acquittent les pots-de-vin.

Dans son fonctionnement la Coface se distingue par sa grande opacité.
Concernant tout d'abord les contrôles existants sur cet organisme : alors que la pensée libérale dominante depuis des années pousse à un contrôle des dépenses de l'Etat et de ses déficits, cet organisme qui a cumulé des dizaine de milliards d'euros de déficits depuis près de 25 ans ne fait preuve d'aucun contrôle financier! Depuis peu la Cour des comptes s'est intéressée à ses comptes mais refuse régulièrement de les certifier pour manque de transparence ou vice de forme. En cause : la séparation de ses frais de gestion payés par le contribuable sur un compte "Coface" des primes payées par les entreprises "cofacées" et des sinistres indemnisés qui font l'objet d'un enregistrement distinct dans un patrimoine d'affectation sans personnalité juridique (un compte d'Etat), donc ne bénéficie pas d'un compte spécifique, d'où les diffcultés de contrôle.

Au-delà de cette opacité sur son financement il y a aussi une opacité sur son action : aucun contrôle réel sur les projets qu'elle finance. Ainsi en 1993-94 la Coface a couvert près de 30 milliards d'euros de transactions dont près de la moitié était liée au commerce des armes; en 1994 suite à un marché entre Charles Pasqua et les islamistes soudanais visant à la capture du terroriste Carlos, la Coface a garanti des transactions avec ce pays exemplaire (autres élèments du deal : baisse de la dette soudanaise, soutien militaire, reportage "publicitaire" sur ce pays sur France 2, vente de trois Airbus, promesses de pétrole pour Total, parts de marché pour d'autres...); même chose la même année pour le Zaïre mobutiste qui servira de plate-forme à l'opération pseudo-humanitaire "Turquoise" et verra les investissements français couverts par elle.

Même opacité concernant les "offices" qui gèrent les exportations d'armement. Dès 1989 un rapport de l'inspection des finances critiquait le statut public et le manque de transparence de ces organismes. Citons l'Office général des avions qui s'occupe des avions, l'Ofema d'équipements aéronautiques, la Sofme des équipements navals et terrestres et la Sofresa des armes à l'Arabie Saoudite. Le commerce des armes se caractérise par ses prodigieuses commissions comme on a pu le voir dans le cas des vedettes vendues à Taïwan.

Comme on le voit la Coface brille par son manque de transparence, véritable germe de toutes les déviances en Afrique ou ailleurs. Ce faisant elle est partiellement une vache à lait de la Françafrique.

Il est temps de contrôler réellement son financement et son fonctionnement, car son financement relève du racket des contribuables, d'autant que la Coface est déficitaire depuis des décennies : une exception dans le monde des assurances.

samedi 15 septembre 2007

Le lobby médical

Dans son numéro du 8 septembre, Marianne consacre un dossier sur le rôle du lobby pharmaceutique dans les déficits de la sécurité sociale. Publié quelques jours avant le rapport de la Cour des Comptes sur ce déficit, ce dossier a le mérite de dépasser les raisonnements simplistes mettant en cause l'irresponsabilité des Français et proposant une hausse de la participation des usagers (ticket modérateur, franchises, forfait hospitalier) pour réduire ces déficits.
Dans ce dossier Marianne met en cause la hausse des dépenses de marketing par l'industrie pharmaceutique, factrice d'inflation des prix, les conflits d'intérêt ("experts" invités par les médias pour donner leur avis sur un médicament, alors qu'ils sont rémunérés par le laboratoire les produisant) ou la recherche du profit à court terme.

Dans un livre intitulé "Le complexe médico-industriel", ATTAC dénonce le darwinisme du domaine médical où seuls les plus puissants peuvent effectuer des frais de recherche, de la publicité, financer des services juridiques et déposer des brevets. Dans ce livre elle critique aussi les pressions sur élus (en se basant sur les financements des législatives de 1993), les innovations bidons (1 % des médicaments mis sur le marché vraiment innovants selon la revue Prescrire), le manque d'indépendance de la majorité des revues, la formation continue assurée par des boîtes privées qui financent aussi des voyages et séminaires d'étude sous des destinations ensoleillées. Elle dénonce aussi l'explosion des dépenses de marketing comme factrice d'inflation du prix des médicaments.

De son côté Julien Duval, chercheur au CNRS, dénonce dans son livre "Le mythe du trou de la sécu" la surmédiatisation des abus des usagers (gaspillages, fraudes...), et l'occultation du fait que depuis 1993 les entreprises sont exonérées de 25 milliards d'euros de cotisations sociales par an. Afin de financer ces exonérations la part des usagers dans le financement de la santé s'est accru : ainsi depuis 1983 le forfait hospitalier est passé de 3 € à 16 €. Pour lui le trou de la sécu ne serait qu'une invention idéologique : sans le sous-financement lié aux exonérations de cotisations sociales des entreprises, la sécu ferait des excédents, et ce déficit serait un moyen de mettre en application la charia ultra-libérale qui vise à baisser les interventions du Grand Satan Etat au nom de la liberté et de la reponsabilité.

De leur côté les institutions économiques internationales poussent à une individualisation grandissante de la protection sociale : le rôle de la solidarité nationale doit décroître au profit d'un financement privé.
Dans un monde où tout devient une marchandise, il convient de demeurer vigilant : dépassons les argumentaires dignes d'agence de communication et sortons de l'hyperréalité créée par les médias et par quelques politiques promoteurs de la doctrine de la résignation afin de regarder le monde avec les lunettes du réel.

vendredi 7 septembre 2007

Les racailles en col blanc exemptés de Karcher

Les racailles en col blanc peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Au cours de la dernière Université du MEDEF le chantre de la tolerance zero, qui proposait de passer au Karcher les racailles, en a profité pour sortir le drapeau blanc devant les patrons français.
En effet au cours de cette Université Nicolas Sarkozy a annoncé son intention de réformer le droit des affaires en le dépénalisant notamment.

Dans un discours digne de Gandhi, plein d'espoir et de compassion, celui-ci a fait part de sa volonté de faire preuve de gentillessitude à l'égard des malheureux PDG poussés à la délinquance financière.
Nicolas Gandhi-Sarkozy a justifié son choix par son désir de "rendre aux Français le goût d'entreprendre" et dépeint les pauvres patrons "découragés", "démoralisés" par "une guerre judiciaire sans merci".
Concrètement il propose que les délits financiers tels que l'abus de biens sociaux, la fraude fiscale, la présentation de faux bilans ou les irrégularités comptables n'entraînent plus un risque pénal.
Dès lors les délits financiers ne relèveraient plus que des tribunaux de commerce qui ne peuvent ordonner que des sanctions financières : en clair il deviendrait possible de violer la loi dans ce domaine en encourant le seul risque d'allonger un peu de biftons si on se fait prendre.

Bruno Thouzelier, de l'Union Syndicale des Magistrats, signale que la pénalisation du droit des affaires demeure faible en France comparée notamment aux Etats Unis.
Au-delà de l'argument du Mahatma Sarkozy de redonner aux Français le goût d'entreprendre en les préservant des méchants juges qui voudraient appliquer leur satanée loi, la ministre de l'Injustice Rachida Dati compte justifier cette proposition par la volonté d'alléger la surcharge des juridictions pénales accablées de dossier et celle de diminuer les délais de traitement de ces litiges.

D'un côté on pénalise de plus en plus les mineurs et les handicapés mentaux, et d'un autre on dépénalise les chefs d'entreprise. Bienvenue dans la France d'après.

samedi 1 septembre 2007

Babylone a tremblé

Parmis les grandes infos de l'été, entre le retour de Guy Roux et les péripéties de Laure Manaudou, une info a dominé la vie économique : les Bourses mondiales se sont effondrées.
Au-delà du constat, il convient de s'arrêter sur les caractéristiques et les causes de ce mini-krach.

A l'origine de cette crise, les "subprimes mortgages" ou crédits hypothécaires à risque. Le procédé est d'un cynisme incroyable : des banques acceptent d'accorder des prêts immobiliers à des familles potentiellement insolvables (pauvres, minorités ethniques), avec une hypothèque de ces biens en cas de non-paiement.
Le scénario : les clients ne pouvant pas acquitter leurs dettes (exemple : lorsque les taux augmentent progressivement), les banques saisissent les logements et font des plus-values grâce à la hausse de l'immobilier.
Si la première partie du scénario s'est réalisée puisque près d'un million de foyers sont menacés d'être à la rue aux Etats Unis (bravo!), c'est sur la deuxième partie du scénario que nos amis se sont plantés : contrairement à leurs prévisions, l'immobilier a baissé, d'où un manque à gagner pour les banques.
Ces subprimes mortgages ont été vendus dans des packages d'action, type SICAV dynamiques.
La crise a alors touché des entreprises ou banques (IKB, BNP...) qui ont investis dans ces fonds risqués, entrainant l'ensemble des places boursières mondiales dans la tourmente.

Autre cause de la crise : l'indépendance des agences de notation. Ces agences (Standard & Poor's, Moody's, Fitch...) qui évaluent la solidité financière des entreprises, donnent des recommandations et notes aux fonds.
Seulement, ces agences de notation sont payées par les fonds et banques qu'ils notent, cette rémunération représentant jusqu'à la moitié de leur chiffre d'affaire, d'où des négociations pour que la maîtresse mette une bonne note au petit Kevin.
Dès lors les agences de notation favorisent les bons payeurs dans leurs notations, entrainant l'intérêt des investisseurs.
Dans la crise des subprimes, des réserves apparaissaient depuis un an et demi, mais quand un prof corrompu perçoit mensuellement son complément de rémunération, l'élève a des bonnes notes, jusqu'au jour où vient le Bac...

Cette crise prouve en tout cas la nécessité d'encadrer et de moraliser le capitalisme. Celui-ci n'ayant plus d'ennemi extérieur, son seul ennemi n'est que lui-même.

Cette semaine dans la presse libre

La presse française étant gangrenée par les connivences personnelles et la dépendance à l'égard de grands groupes financiers, quelques news hebdomadaires du Canard enchaîné, un des seuls magazines français qui ne soit pas financé par des annonceurs publicitaires, même s'il est vrai que "Rottweiler magazine" a fait des efforts.

On y apprends ainsi que Pierre Mazeaud, gaulliste, vient d'adresser un recours en grâce concernant Roland Dumas, socialiste, devant le ministère de la Justice.
Roland Dumas a en effet été condamné à douze mois de prison avec sursis pour complicité d'abus de confiance dans l'affaire de la succession du sculpteur Alberto Giacometti, et son recours en cassation de ce jugement a été rejeté.
Mais heureusement la Droite est là pour le soutenir, l'ouverture n'est pas que politique, elle est aussi judiciaire : délinquants de tous pays, unissons-nous!

On apprends aussi qu'Anne-Sophie Lapix et Harry Roselmack ont été victimes d'une censure de leur direction. Le motif?Ils ont voulu glisser dans leur magazine "Sept à Huit" une interview de Jamal Dati, frère de la Garde des Sceaux, condamné à un an de prison pour trafic de drogue. Résultat, un coup de fil de la direction de TF1 pour exiger le retrait de l'interview, demande exécutée avec docilité et rapidité.
Le Canard enchaîné ne précise pas le motif de cette requête : les leçons du 21 avril? la lutte contre le racisme? nul ne le sait.

Malheureusement les médias ont peu parlé de ces deux histoires cette semaine, mais bon avec la Coupe du monde de rugby qui approche, on comprends qu'il y a d'autres chats à fouetter.