mercredi 19 septembre 2007

La COFACE, vache à lait de la Françafrique

La Françafrique n'est pas morte. Ce système bâti par le Général de Gaulle et Jacques Foccart dans les années 60 avait pour but de maintenir de facto dans la dépendance les pays de l’Afrique coloniale française auxquels l’indépendance venait d’être donnée. Quatre motifs majeurs fondaient ce système : la nécessité pour la France de conserver son rang à l’ONU malgré la décolonisation; l’accès de la France aux matières premières; le financement occulte des partis politiques français; une coopération avec les USA en Afrique dans le cadre de l’extension de la guerre froide à ce continent

Ses moyens d'action : la sélection de chefs d’Etat « amis de la France » et l'élimination des rebelles (illustrée par exemple par des assassinats politiques ou le recours à la fraude électorale); une complicité active de ces chefs d’Etat en facilitant leur enrichissement au point que leur fortune (Mobutu et Houphouët-Boigny étaient milliardaires à leur mort) équivaut à la dette de ces pays; l’omniprésence des services secrets français auprès d’eux et leur « couverture » par Elf, créée en 1967 à cette fin, mais aussi assurer des parts de marché à quelques multinationales françaises; des mercenaires (Bob Denard, ou des membres des services d'ordre du FN…), électrons libres, toujours défendus par les services secrets.

Ce sujet valant plus qu'un simple message de blog, arrêtons nous nous un instant sur la COFACE, financier entre autre du système.
La Coface ou Compagnie française d'assurances pour le commerce extérieur est une agence d'assurance crédit aux exportations françaises et gère pour le compte de l'Etat les garanties publiques à moyen et long termes des grands contrats civils et militaires à l'exportation. Cette Compagnie est financée par les contribuables français pour un montant annuel de 5 à 8 milliards d'euros qui paient donc en cas de défaillance du client, mais aussi acquittent les pots-de-vin.

Dans son fonctionnement la Coface se distingue par sa grande opacité.
Concernant tout d'abord les contrôles existants sur cet organisme : alors que la pensée libérale dominante depuis des années pousse à un contrôle des dépenses de l'Etat et de ses déficits, cet organisme qui a cumulé des dizaine de milliards d'euros de déficits depuis près de 25 ans ne fait preuve d'aucun contrôle financier! Depuis peu la Cour des comptes s'est intéressée à ses comptes mais refuse régulièrement de les certifier pour manque de transparence ou vice de forme. En cause : la séparation de ses frais de gestion payés par le contribuable sur un compte "Coface" des primes payées par les entreprises "cofacées" et des sinistres indemnisés qui font l'objet d'un enregistrement distinct dans un patrimoine d'affectation sans personnalité juridique (un compte d'Etat), donc ne bénéficie pas d'un compte spécifique, d'où les diffcultés de contrôle.

Au-delà de cette opacité sur son financement il y a aussi une opacité sur son action : aucun contrôle réel sur les projets qu'elle finance. Ainsi en 1993-94 la Coface a couvert près de 30 milliards d'euros de transactions dont près de la moitié était liée au commerce des armes; en 1994 suite à un marché entre Charles Pasqua et les islamistes soudanais visant à la capture du terroriste Carlos, la Coface a garanti des transactions avec ce pays exemplaire (autres élèments du deal : baisse de la dette soudanaise, soutien militaire, reportage "publicitaire" sur ce pays sur France 2, vente de trois Airbus, promesses de pétrole pour Total, parts de marché pour d'autres...); même chose la même année pour le Zaïre mobutiste qui servira de plate-forme à l'opération pseudo-humanitaire "Turquoise" et verra les investissements français couverts par elle.

Même opacité concernant les "offices" qui gèrent les exportations d'armement. Dès 1989 un rapport de l'inspection des finances critiquait le statut public et le manque de transparence de ces organismes. Citons l'Office général des avions qui s'occupe des avions, l'Ofema d'équipements aéronautiques, la Sofme des équipements navals et terrestres et la Sofresa des armes à l'Arabie Saoudite. Le commerce des armes se caractérise par ses prodigieuses commissions comme on a pu le voir dans le cas des vedettes vendues à Taïwan.

Comme on le voit la Coface brille par son manque de transparence, véritable germe de toutes les déviances en Afrique ou ailleurs. Ce faisant elle est partiellement une vache à lait de la Françafrique.

Il est temps de contrôler réellement son financement et son fonctionnement, car son financement relève du racket des contribuables, d'autant que la Coface est déficitaire depuis des décennies : une exception dans le monde des assurances.

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