jeudi 28 février 2008

La Défense : la poule aux oeufs d'or du 9-2

La poule aux oeufs d'or pour le 9-2 c'est le quartier de la Défense. Ce quartier d'affaires a été bâti en 1958 : il emploie 170 000 salariés et l'un des plus important en Europe. Nicolas Sarkozy avait établi un programme intitulé « Défense 2015 » afin de relancer l'activité dans le quartier. Et le programme est ambitieux, et nécessaire.
Mais ces travaux sont surtout une opportunité pour certains : le plan récupère quasiment à la lettre les propositions d'un lobby, l'Association des utilisateurs de la Défense qui comprends les vingt deux plus grands propriétaires et occupants du quartier. Mais au vu de la taxe professionnelle et des droits de mutation perçus, dur de les contredire.

Pour réaliser ce programme Nicolas Sarkozy nomme Bernard Bled qui fut mis en examen dans le cadre des emplois fictifs de la mairie de Paris, mis en cause aussi pour la justice pour un logement de fonction ou pour des détournements de fonds publics...Afin de lui donner des outils le Parlement vote en décembre 2006 une loi en urgence et en catimini. Cette loi consacre une OPA du département sur le quartier : le préfet est quasiment exclu des processus de consultation, une disposition fiscale très favorable aux constructeurs est adoptée.
La Cour des comptes a elle mis en cause la transparence de la comptabilité de la gestion du quartier. Quoiqu'il en soit la gestion du quartier sera 100 % UMP : 50 % au département, 25 % pour Puteaux et Courbevoie.

Mais tout ne va pas forcément pour le mieux dans le meilleur des mondes pour la Défense car quelques affaires ont été médiatisées.

Première affaire : celle des mètres carrés fantômes. Selon Hélène Constanty et Pierre-Yves Lautrou il pourrait s'agir de la plus grande violation du code de l'urbanisme en France : des milliers de mètres carrés auraient été construits en tout illégalité. L'interrogation concerne surtout les responsabilités des pouvoirs publics : étaient-ils au courant voire complices de la fraude?

Autre affaire : « l'affaire de la chaufferie ». Une affaire de corruption est ici soupçonnée dans le cadre d'un renouvellement de la concession de chauffage urbain du quartier. La chambre régionale des comptes avait déjà critiqué les marges importantes réalisées dans la gestion et l'absence de contrôle des activités. En tout cas dans cette affaire on soupçonne le bénéficiaire du marché d'avoir profité du soutien de Charles Ceccaldi-Raynaud dans l'obtention du marché.

Source : "9-2, le clan du Président" d'Hélène Constanty et Pierre-Yves Lautrou

lundi 25 février 2008

Gaston Flosse, le retour (bis)

Suite de notre article d'hier sur Gaston Flosse, qui revient au pouvoir la même année que Rambo au cinéma.
Même source pour l'article : "Polynésie : les copains d'abord" de Séverine Tessier.

La gestion de la Polynésie ressemblait parfois à celle de la Mairie de Paris, période Chirac-Tibéry, ou à celle des Hauts-de-Seine. Comme pour eux les comptes donnent l'impression d'un fouillis alors qu'il s'agit de techniques comptables élaborées qui permettent la dispersion de l'argent public par la multiplication de comptes, de sociétés mixtes et d'intermédiaires.
Signalons tout d'abord, à titre purement informatif, que le budget de la présidence de Polynésie est de 29 millions d'euros pour un archipel de 250 000 habitants contre 32 millions pour l'Elysée pour un pays de 60 millions d'habitants. Supermenteur a-t'il trouvé plus fort que lui?
Dans son palais Flosse emploie 629 personnes. Arnaud Montebourg, député PS, y dénonce des emplois fictifs : des postes tels que des piroguiers, des ex-miss Tahiti recyclées, des surfeurs, des chanteurs, un curé ou un boxeur! Tous bien rémunérés. A Papeete mêmes effectifs pléthoriques surémunérés. La commune a aussi payé des frais de déplacements pour des fonctionnaires afin qu'ils visitent les lieux touristiques d'Asie du Sud-Est...

Nous avons vu aussi plus haut l'utilisation de fonds publics pour des travaux d'équipements privés. La Sétil, société d'aménagement du territoire (anciennement dirigée par Gaston Flosse), est souvent mise en cause : ainsi elle fait preuve d'un favoritisme dans le choix de ses partenaires, souvent proches du pouvoir. Dans la commune de Pirae, longtemps dirigée par Gaston Flosse et actuellement dirigée par son gendre, un contrat a été signé avec le groupe Bouygues, historiquement lié à la droite, pour la construction d'un hôpital qui devait initialement s'appeler le centre hospitalier « Jacques Chirac »!

Mise en cause aussi, la Socrédo, banque de développement locale. A l'exemple du Crédit Lyonnais celle-ci a accordé à perte des prêts colossaux à des notables locaux. Parmi eux Tonita Flosse, femme de Gaston Flosse, mais aussi leur fils Réginald qui bénéficieront ainsi de crédits gratuits.
Comme à Paris, la constitution de sociétés d'économie mixte privée-publique permet d'attribuer la gestion de services (tourisme, habitat, audiovisuel, pêche...) à des amis proches du pouvoir.

Gaston Flosse justifie complètement son étiquette politique : son engagement politique gaulliste se justifie dans ses pratiques si communes à celles du parti gaulliste sous la Cinquième République.
Ainsi Frédéric de Saint Sernin, proche de Jacques Chirac et ancien collaborateur d'Alain Carignon à la mairie de Grenoble, qui est « chargé de mission » auprès du Président de Polynésie française, poste qu'il occupe...à Paris.

Même situation pour Jean-Jacques de Peretti rémunéré 36 000 € pour une mission de six mois pour promouvoir l'image de la Polynésie. Le 11 octobre 2001 il signe une convention pour un poste de consultant rémunéré 53 000 €, la convention prévoit que le rapport soit publié le 30 septembre, soit avant la date de la convention! (par ailleurs il est précisé que dans ce rapport doit être fait la promotion de la perle, domaine où Louis Won, ami de Flosse, excelle) Signalons qu'une autre étude a été réclamée dans le même temps à une autre société sur le même thème pour un montant de 124 000 €. Malgré cet emploi à plein temps, Jean-Jacques de Peretti a pu assumer des postes de maire de Sarlat (en Dordogne), de président d'une communauté de commune et de conseiller régional.

D'autres membres de l'UMP bénéficieront d'emplois de chargés de mission fictive. Une autre méthode de détournement consiste à créer des bureaux d'étude bidons, et à placer des amis à la tête de sociétés mixtes (EDT, SEP, SAGEP, TSP...).

Le marché de l'eau permet aussi un affairisme made in UMP. 70 % du marché de l'eau mondial est aux mains de deux groupes, à savoir Suez et Vivendi-Véolia. Le groupe Suez, appelé Lyonnaise des Eaux avant ses affaires judiciaires avec Alain Carignon, Botton, Maillard ou les lycées d'Ile-de-France, fut dirigée pendant vingt ans par Jérôme Monod, devenu ensuite conseiller de Jacques Chirac. Selon la chambre territoriale des comptes Suez bénéficie de marchés dans des conditions douteuses, bénéficie d'un quasi-monopole dans la distribution de l'eau et profite de cette situation : dans les communes où l'eau est gérée par Suez le prix de l'eau varie du simple au double par rapport aux communes où elle est gérée en régie municipale! Les contrats sont parfois étonnants (conventions signées pour des durées dérogeant aux pratiques communes).

De plus l'énergie en Polynésie (gérée par EDT en société d'économie mixte) est une des plus chère du monde. Les ordures sont gérées par une filiale de Suez, la SEP, qui les enfouis au mépris des obligations légales.

Le pétrole passe par les mêmes circuits (gérés par Total-Fina) et donne lieux à diverses anomalies (double facturation, évasion fiscale...). La gestion locale est confiée à Albert Moux, ami de Gaston Flosse.

Une affaire - la SEMPAP – mettra aussi en lumière des détournements réalisés entre la Polynésie et la mairie de Paris de la grande époque. Une personne mise en cause dans cette affaire se serait vantée auprès de policiers que cet argent servait au financement des campagnes de Jacques Chirac ou du RPR.
Par ailleurs des indices d'un système d'écoute téléphonique ou d'espionnage numérique ont été dénoncés.

Saluons aussi le comportement de Brigitte Girardin, ex-ministre de l'Outre-Mer, qui a appelé un élu pour condamner le fait qu'il n'ait pas voté pour Gaston Flosse lors de l'investiture et menacé que « la France ferme le robinet » si celui-ci était battu.

dimanche 24 février 2008

Gaston Flosse, le retour


C'est avec un grand bonheur que par une dépêche de l'AFP nous avons appris la énième élection de Gaston Flosse à la présidence de l'assemblée polynésienne, l'occasion de revenir sur le parcours de cet ami de Jacques Chirac.
Cette étude est un résumé de l'ouvrage de Séverine Tessier « Polynésie : les copains d'abord ».


Gaston Flosse est né en 1931, il a commencé sa carrière comme instituteur avant de devenir assureur. C'est au cours de cette expérience qu'il rencontre Albert Moux, co-propriétaire du quotidien Les Nouvelles de Tahiti et Louis Wan, grand entrepreneur notamment dans le domaine de l'hôtellerie. Des amitiés qui s'avèreront utiles ultérieurement.

Il entre au parti gaulliste en 1958 et entame une carrière politique brillante : maire de Pirae (1965-2000), membre et président du parlement local (1965 puis 1967). En 1984 il devient parlementaire européen et en 1986 secrétaire d'Etat au Pacifique sud du Gouvernement Chirac. De 1984 à 1986 et de 1991 à 2004 il est président du gouvernement de la Polynésie française.
A titre purement informatif signalons qu'en 1996 il a reçu le Grand croix de l'Ordre de Tahiti Nui...ordre créé par lui-même et que Jacques Chirac, ami de trente ans, est le parrain d'un de ses enfants prénommé Jacques.

En 1996, suite à l'arrêt des essais nucléaires, un accord est signé entre la France et la Polynésie qui accorde une aide annuelle de 150 millions d'euros à celle-ci. Quelques semaines après sa réélection en 2002, Jacques Chirac octroie en plus une nouvelle aide de 840 millions d'euros.
Bien que la pertinence de cette aide soit contestée au sein même des Polynésiens, c'est surtout la gestion de celle-ci qui est contestable : selon l'accord de 1996 celle-ci ne bénéficie d'aucun contrôle public sur la destination et l'utilisation de ces fonds qui sont gérés de manière discrétionnaire par Gaston Flosse.
En effet l'attribution de ces aides est un formidable moyen de pression : ainsi la commune de Faa'a, la plus peuplée et la plus plus pauvre de l'archipel, dirigée par Oscar Temaru, opposant de Gaston Flosse, n'a jamais reçu un centime de subvention, ce qui est le cas de quasiment toutes les communes de couleur politique différente de celle de Gaston Flosse. Par contre la commune de Pirae, dirigée pendant 35 ans par Gaston Flosse reçoit de gracieuses subventions tout comme celles où se situent ses résidences secondaires.
Ce moyen de pression s'exerce aussi dans le monde associatif où seules les associations qui soutiennent la politique de Flosse bénéficient d'aides. Et Gaston Flosse n'est pas ingrat : ainsi un grand festival - « Tahiti Nui 2000 » - permet à de nombreux de ses amis de bénéficier de subventions publiques pour des opérations culturelles.

Mais surtout Gaston Flosse a tendance à utiliser l'argent de poche à son profit personnel. Ainsi la Sétil, société d'aménagements du territoire, a effectué des travaux publics...au profit de Gaston Flosse! La liste est longue : construction d'une route sur fonds publics pour désenclaver une propriété privée de Gaston Flosse (Erima); en 2001 Gaston Flosse procède à l'achat d'une île, Tupai, sur des fonds publics dans un but touristique, hors cette île devient partiellement une extension du Palais présidentiel, une sorte de résidence secondaire pour Flosse, et partiellement un lotissement pour milliardaires : une piste d'avion pour l'avion personnel de Flosse est installée grâce à des fonds publics qui servent aussi aux frais de personnel, l'entretien du domaine est effectué sur fonds publics par un personnel au statut flou, le GIP. Même méthode sur l'atoll de Fakarava (piste d'aviation payée par des fonds publics pour l'accès à une résidence de luxe de Flosse), travaux publics pour une autre résidence (Pare)...

Le copinage s'exerce aussi dans les marchés publics. Ainsi à l'arrivée au pouvoir de Temaru, un audit financier a été fait sur les finances publiques. Selon celui-ci de nombreux marchés publics ne nécessitent aucun document décrivant les procédures, aucune étude préalable, Emile Vanfaste, Ministre des Finances d'alors compare la passation de marchés publics à une commande de pizza. Par ailleurs de nombreux intervenants, délégataires avec des comptes jamais clairs (untel s'occupe de la paie, un autre des congés payés, un autre des heures supplémentaires...).

Le clientélisme s'exerce aussi en matière fiscale car la fiscalité est particulièrement avantageuse pour les nantis : il n'y a pas d'impôt sur le revenu, l'impôt sur les sociétés est faible et surtout depuis la loi Pons les investissements en Outre Mer sont defiscalisés ce qui fait de la Polynésie française un quasi paradis fiscal.
Même générosité orientée dans l'attribution de cadeaux fiscaux : alors que l'archipel est endetté, il accorde des cadeaux fiscaux pour la construction d'hôtels (dont le leader local en la matière est Louis Won, un ami), les titulaires de paquebots, les constructeurs immobiliers, les créateurs d'entreprises, les acheteurs de nouvelles autos (la « flossette »?).

Dans ce système, les copinages sont un excellent moyen de pression sur les entreprises privées et les associations. Outre les subventions attribuées de manière sélective et discrétionnaire, quelques cas illustrent parfaitement la gestion Flosse : ainsi l'épouse d'une personne ayant attaqué maintes fois le système Flosse en justice, Monsieur Conroy, s'est vu refusé de nombreuses fois le droit d'exploiter une ferme; par ailleurs la Polynésie a établi elle aussi ses emplois jeunes dont elle a confié la gestion et l'attribution au mouvement de jeunesse politique proche de Flosse! Un peu comme si Lionel Jospin avait confié l'attribution des emplois jeunes au MJS... ces emplois seront notamment affectés dans des communes dirigées par des proches du parti de Gaston Flosse.

Et Gaston Flosse n'est jamais infidèle en amitié : ainsi il profite des services de son VRP de luxe, Jacques Chirac, pour faire la promotion de la production perlière et du savoir-faire hôtelier de son ami Robert Won lorsque l'ami Jacques se déplace en Chine ou au Japon.
Ce favoritisme touche aussi les organes publics : ainsi chaque commune se voit attribuer des quotas de logements à distribuer hors critère. Les élus bénéficiant de ces dérogations correspondent quasiment à la liste des soutiens de Gaston Flosse à chacune de ses campagnes.

Dans le même temps le salaire moyen des Polynésiens est de 1 000 €, 30 % d'entre eux sont illettrés, le coût de la vie est particulièrement élevé et il n'y a pas d'allocations chômages.


vendredi 22 février 2008

Paradis fiscaux et capitalisme

Dans le capitalisme présent, fondé sur les monopoles, le refus de la régulation et une paupérisation, les paradis fiscaux jouent un rôle majeur :

- une première pratique : les prix de transfert
Cette pratique permet d'optimiser les profits entre une entreprise et ses filiales en manipulant les prix de transaction. Simon J. Pack a ainsi relevé ces abus : sable importé 2 000 dollars la tonne (contre un prix mondial moyen de 10 dollars), ampoules de flash à 300 dollars (contre 10 cents), mitrailleuses à 364 dollars (contre 2 000 dollars), pneus à 8 dollars (contre 200 dollars)...
Selon un sondage mené par le cabinet Ernst and Young auprès de 476 multinationales réparties dans 22 pays, cette stratégie serait utilisée par 77 % des entreprises sondées!

- une autre pratique : la corruption
Les sommes considérables qui transitent dans les paradis fiscaux peuvent également provenir de la corruption : le corrupteur, qui peut être un vendeur d’armes, ou une compagnie pétrolière en quête de permis d’exploitation, va ouvrir au corrompu, le décideur dont dépend la signature de son contrat, un compte bancaire dans un paradis fiscal.

- une autre pratique : cacher ses dettes
Cette méthode permet de faire apparaître aux investisseurs potentiels un bilan comptable plus sain, voire truquer purement et simplement ces comptes. Cette méthode a été utilisée par Vivendi Universal, Enron, Parmalat ou Worldcom : Enron avait ainsi 800 sociétés écrans dans des paradis fiscaux, dont 600 aux seules Iles Caïmans, avec une seule boîte postale! Parmalat a elle réussi à cacher 11 milliards d'euros de dettes par ce biais.

- les « professionnels » jouent aussi un rôle non négligeable dans l'utilisation des paradis fiscaux
Les banques ainsi en profitent ainsi pour récupérer des commissions liées à la commercialisation de leurs produits opaques : Citigroup a ainsi été mise en cause dans les affaires Enron et Parmalat, Chase Manhattan dans l'affaire Enron, la Deutsch Bank a elle monté un système organisé de fraude fiscale.
Les compagnies d'assurance dites captives sont des filiales d'assurance créées par les multinationales pour assurer toute ou partie de leur activité afin de s'auto-assurer, ce qui leur permet de payer moins de primes, notamment en les installant dans des territoires qui ont des contraintes réglementaires limitées.
Les professionnels du Droit sont les « ouvreurs de porte » vers les paradis fiscaux : ils profitent de leurs connaissances et des lacunes légales pour vendre à leurs clients des stratégies opportunes. Sont ainsi mis en cause les « Big Four », quatre grands entreprises du conseil international (Ernst & Young, KPMG, PricewaterhouseCoopers et Deloitte Touche Tohmatsu) qui sont à la fois des conseillers et contrôleurs de comptes – souvent les deux à la fois, au risque du conflit d'intérêt – des entreprises : ils contrôlent les 500 plus grosses multinationales dans ces deux domaines. Au-delà de ces cas, les banquiers d'affaire, avocats ou experts comptables sont mis en cause.

- divers autres pratiques
Certaines entreprises comme Microsoft profitent aussi de ces paradis fiscaux pour y dissimuler la rente que leur procurent leurs brevets : 500 millions de dollars annuels dans le cas de Microsoft, gérés par une entreprise située en Irlande.
Aux Etats Unis le « Foreign Sales Corporation » permet aux entreprises d'être plus compétitives à l'exportation, avec une défiscalisation possible pour l'exportation dans certains domaines, en passant par des paradis fiscaux (Barbade, Ile Vierges) : une évasion fiscale au nom de la compétitivité.
Les banques peuvent aussi profiter des paradis fiscaux pour solder leurs dettes comme l'a fait le Crédit Lyonnais, ou dissimuler une OPA.
Surtout les paradis fiscaux représentent une oasis pour le blanchiment de capitaux d'origine criminelle.

mercredi 20 février 2008

Les "ACMH", privilégiés de la République

Il existe une profession particulièrement nantie, sans pour autant être défendue par la CGT ou par Sud ou même dénoncée par Jean Pierre Pernault : les architectes en chef des monuments historiques ou « ACMH ».
Cette profession, comptant seulement 54 personnes, a le monopole pour la restauration des 40 000 monuments historiques. Et c'est ce monopole qui constitue son premier privilège : ainsi elle bénéficie d'un quasi-monopole pour tous les travaux intéressant le ministère de la Culture.
Leurs parts de marché vont s'accroître avec la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat qui leur confie la gestion des édifices religieux où ils remplacent les architectes diocésains.
Ils bénéficient aussi d'une circonscription sur laquelle ils ont un monopole : ainsi à l'époque de l'incendie du Parlement de Rennes (sa « circonscription d'alors), l'Etat a versé à Alain Charles Perrot, interrogé par Yvan Stefanovitch, 18 millions d'euros en frais d'études et de travaux.

Le deuxième privilège des ACMH c'est leur salaire : ainsi Alain Charles Perrot déclare avoir perçu près d'un million d'honoraires de l'Etat en 2002 et toucher 25 000 € annuels, et comme ils bénéficient d'un quasi-monopole sur les monuments historiques les particuliers propriétaires de monuments classés ou inscrits doivent passer par eux, même si leurs prestations sont trois fois plus chères que les autres architectes travaillant dans le même domaine.

Troisième privilège : les logements de fonction. En vertu d'un usage les ACMH logent sur leur chantier : ainsi Alain Charles Perrot loge à l'Opéra Garnier où il a installé ses bureaux, hors ce chantier dure depuis quinze ans. Dans un rapport de 2001, la Cour des Comptes dénonçait ces pratiques. Un ACMH a ainsi logé pendant quinze ans au château de Versailles. Certains indiquent sur l'annuaire ces adresses prestigieuses, car beaucoup utilisent ces logements en logements professionnels.

Par ailleurs cette profession bénéficie d'autres faveurs : elle peut ainsi (c'est le cas depuis le Moyen Age) cumuler ses activités publiques et privées; par ailleurs les ACMH sont contrôlés par eux-même! Ainsi au sein de l'inspection générale des monuments historiques onze membres sur trente trois sont des ACMH, ce qui leur permet d'être à la fois juge et partie, experts et maître d'oeuvre, et de bénéficier en plus pour cette activité d'auto-contrôle d'une indemnité mensuelle de 2 000 €.

De plus la profession est fortement centralisée sur Paris et sa région puisque la moitié des ACMH y travaille, tout comme l'activité : en 2006 la moitié des crédits était consacrée à la seule restauration des monuments parisiens.

Au-delà des ACMH le ministère de la Culture brille par sa générosité en matière de logements de fonction : 882 au total, ce qui est le cas de 230 salariés sur 550 au château de Versailles. A Beaubourg le président loge dans un 274 m². A la villa Médicis à Rome, le responsable gagne 10 000 € mensuels pour surveiller quelques artistes et est logé dans un 380 m² (quid des cheminots? ont-ils aussi des logements de fonction de 380 m²?). Cette villa coûterait 5 millions d'euros au contribuable en simples frais de fonctionnement.

Source : "Aux frais de la princesse" (Yvan Stefanovitch)

lundi 18 février 2008

Le couple Balkany, Levallois-Perret et les affaires

Dans la série des stars du 9-2 décrit dans le livre d'Hélène Constanty et Pierre-Yves Lautrou "9-2, le clan du Président", aujourd'hui la famille Balkany.
Le maire de Levallois-Perret est l'un des seuls amis proches de Nicolas Sarkozy : ils se sont connus en 1976 à la section RPR de Neuilly, sont tous deux d'origine hongroise, et sont tous deux des « babys Pasqua », car ils ont été formés par le parrain de l'UMP du 92.
Patrick Balkany connaît son baptême politique en 1978 lorsque Charles Pasqua l'envoie à Auxerre afin d'affronter Jean-Pierre Soisson et parvient à le mettre en ballottage. Sa femme Isabelle joue un rôle important dans sa carrière grâce à une expérience de deux ans dans les médias – France Soir, Combat, Europe 1 – qui lui permettra de se constituer un carnet d'adresse utile à son mari.
En 1979 Charles Pasqua les envoie à Levallois-Perret afin de récupérer la ville aux communistes : en 1982 Patrick Balkany est élu conseiller général, et en 1983 après une campagne houleuse – ils se font tirer dessus et attaquer à la hache! - il devient maire de la ville, la même année que son ami Nicolas Sarkozy.

Très rapidement les traces de la politique sociale des communistes disparaissent, la ville se couvre d'immeubles modernes en passant par une société mixte, la SEMARELP. Il intéresse aussi les médias en armant la police municipale, en installant la vidéosurveillance, et étonne avec son style « droite bling-bling » avant l'heure.
« Je suis toujours en campagne » affirme Patrick Balkany, ce qui explique sa méthode, à savoir « faire le trottoir » comme dit son épouse : il connaît la ville par coeur, noyaute, interroge ses administrés ou les flatte. Sa femme s'occupe elle de la communication et des « services » : à la limite du clientélisme ils s'occupent des administrés par le biais de différents services à tarifs avantageux. Pour ce qui est des logements sociaux, la transparence dans leur attribution n'est pas leur point fort : l'opposition est exclue de la commission d'attribution.

Tout va pour mieux pour Patrick Balkany, sa femme récupérant par ailleurs son poste de conseiller général. Mais l'ascension connaît un brutal arrêt : lors des élections présidentielles de 1995 il apporte son soutien à Edouard Balladur, et non à Jacques Chirac.
Par ailleurs un juge enquête sur un possible financement occulte du RPR par le biais de l'office HLM de Paris. Son nom : Eric Halphen. Son enquête remonte à l'OPDHLM du 92 tenu par Patrick Balkany et un de ses amis, Didier Schuller. L'enquête fait son chemin, mais a surtout un effet négatif sur l'opinion vis-à-vis des balladuriens.
Jacques Chirac élu, un chiraquien, Olivier de Chazeaux, ravit la mairie à Patrick Balkany.
Mais les affaires s'enchaînent : déjà en 1988 le cousin germain d'Isabelle Balkany avait réalisé une plus-value sur un terrain avec la complicité de la ville. En 1990 la Cogedim, promoteur immobilier, avait vendu un appartement aux époux Balkany à moitié prix.
Olivier de Chazeaux découvre aussi quelques irrégularités : trois employés municipaux ont ainsi travaillé pendant des années dans la résidence des Balkany; Didier Schuller indique lui que les époux ont fait salarier le capitaine de leur yacht par des fonds publics; la chambre régionale des comptes met en cause la gestion des oeuvres sociales qui a donné lieu à des détournements, des irrégularités apparaissent aussi dans la gestion sportive, les experts-comptables de la République parlent même de caisse noire et de rémunération occulte.

Mais le Titanic ne coule pas : les affaires s'accumulent, s'enlisent, et après une traversée du désert à la Eddy Barclay, en 2001 c'est le retour. Olivier de Chazeaux n'a pas plu et a fait quelques erreurs.. En 2001 Patrick Balkany est réélu maire de Levallois, mais le préfet s'oppose à l'élection suite aux affaires l'ayant touché. Rapidement l'UMP vote une loi rendant éligibles les élus jugés comptables de fait de leur commune...Patrick Balkany est élu député en 2002.
C'est bien le retour et ses amis mouillés dans les affaires se voient attribuer les meilleurs postes! Balka II est de retour...

samedi 16 février 2008

La liberté d'expression s'arrête là où commence la fac de Droit de Nantes

Après les projets de Nicolas Sarkozy de passer au Kärcher la laïcité, les jeunes sarkozystes nantais ont-ils la volonté de passer au Kärcher la liberté d'expression? La question mérite en tout cas d'être posée.
En effet Les amis d'Anticor 44 ont récemment collé une affiche sur le Campus universitaire de Nantes avec une photo de Charles Pasqua avec nulle autre indication que la phrase « on recherche ».
Hors des dirigeants locaux des jeunesses proches de Nicolas Sarkozy ont décidé de procéder à une suppression de ces affiches au sein de la fac de Droit de Nantes.

Rappelons que l'article 11 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, texte fondateur de la République indique que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire et imprimer librement ».
La tolérance, l'esprit de débat, la liberté d'expression n'ont donc nul droit de pénétrer au sein de l'Université de Droit de Nantes?
Les citoyens républicains n'ont plus le droit de critiquer Bernard Tapie car ça serait une simple attaque partisane contre le Parti Radical de Gauche?

Nicolas Sarkozy avait promis la rupture, lorsqu'on voit ses propositions sur la laïcité et les atteintes de ses jeunes militants au droit républicain d'expression, on est en droit de se demander si cette rupture n'est pas avant tout une rupture avec les valeurs républicaines.
Mais que ces ennemis de la République sachent que l'on peut supprimer une affiche, mais que l'on ne supprimera jamais la République.

vendredi 15 février 2008

Les Ceccaldi-Raynaud : les César et Marcus Brutus de Puteaux


Quelle est la commune la plus riche de France? À cette question nombreux répondraient Neuilly-sur-Seine. Et pourtant s'il est vrai que les habitants de Neuilly sont les plus riches de France, la commune de Puteaux est celle qui est la plus prospère. Le motif de cette richesse? Le quartier d'affaires de la Défense, dont les deux tiers sont situés sur la commune, lui apporte une taxe professionnelle sans équivalent en France : le potentiel fiscal est de 4 000 € par habitant, soit cinq fois plus qu'une commune de même taille! En 2007 la chambre régionale des comptes a eu la surprise de constater que la commune avait un bas de laine de 228 millions d'euros placés en bons du Trésor, ce qui lui permet de percevoir 11 millions d'euros d'intérêt annuel.

Les rues évoquent Disneyland, la commune use de sa prospérité : beaucoup de logements sociaux, beaucoup d'agents municipaux, et des dépenses somptuaires : 90 000 € de frais de petits fours en 2006, un million pour les illuminations de Noël. En 2007 1 800 personnes sont invitées à la réception du nouvel an : 550 € de dépensés par personne! Après cela s'enchaînent des cérémonies de voeux plus communautaristes ou plus électoralistes. Et d'autres frais comme Puteaux-Plage ou Puteaux Neige pour un million d'euros.
Et c'est encore mieux pour les familles « bien avec la mairie » : une place sur un village de vacances à un tarif 50 % moins cher qu'au Club Med à Ploemeur (56), La Clusaz (74) ou Crapone (Corse).

Mais la grande particularité de Puteaux c'est le clientélisme. Charles Ceccaldi-Raynaud - « CCR » - accepte de rendre service, fait des cadeaux, ainsi les personnes âgées reçoivent tous les ans des casseroles, un four à micro-ondes ou un téléphone sans fil...Charles Ceccaldi revendique cette politique : « ma politique en matière de clientélisme a été exemplaire. Vous savez ceux qui n'étaient pas d'accord, on ne pouvait pas leur supprimer leur logement. Mais ils obtenaient moins facilement une place dans nos villages de vacances ».
Et les exemples existent : ainsi Stéphane Vazia a eu l'occasion de fréquenter les villages de vacances. Mais tout a changé le jour où il est entré au PS. Son opinion sur « CCR » a notamment changé le jour où lorsque sa femme a eu une contravention il a écrit au maire pour réclamer des travaux à cet emplacement. Réponse du maire : vous pouvez vous faire payer 50 % de la contravention par le centre d'action sociale!

L'ascension de Charles Ceccaldi-Raynaud est en tout cas digne d'un roman.
Celui-ci a commencé comme commissaire de police puis conseiller particulier de Robert Lacoste en Algérie, et est aussi un des responsables de la SFIO locale. Suite au putsch des partisans de l'Algérie française, il apprends qu'il est menacé d'arrestation et s'enfuit. Il part sur Paris, Georges Dardel maire de Puteaux le nomme directeur de l'office HLM local, puis il devient conseiller municipal. Georges Dardel est alors adepte du socialisme municipal clientéliste et corrupteur.
En 1967 il est victime d'un grave accident de voiture, « CCR » s'occupe de l'intérim. Mais lorsqu'il réclame son poste Charles Ceccaldi refuse de le lui rendre! Exclu du parti le socialiste se tourne alors vers les gaullistes...la campagne municipale de 1971 est tendue, faisant même un mort au cours d'une fusillade.

Mais Charles Ceccaldi voit plus loin. Il voit ainsi son fils lui succéder, mais suite à son décès il se tourne vers sa fille tout en critiquant ses capacités. Ainsi lorsque Brice Hortefeux lui affirme qu'il souhaiterait lui succéder, Charles Ceccaldi lui dit clairement qu'il avait choisi sa fille pour lui succéder.
Mais le scénario de Charles Ceccaldi ne fonctionne pas. Suite à une opération médicale il pense qu'il lui reste peu de temps à vivre. Il démissionne de son poste et nomme sa fille pour lui succéder. Mais il critique les mesures prises par sa fille et son aptitude à diriger la ville. Mais quand il souhaite reprendre son poste, enfin guéri, sa fille refuse de rendre son siège! CCR agresse alors sa fille par le biais de tracts, ouvre un blog contre sa fille et l'insulte lors de conseils municipaux!

Les Ceccaldi père et fille ont en tout cas un point commun : ils détestent toute opposition. Pour Charles Ceccaldi l'UDF avec qui il s'allie n'est qu'un faire-valoir, il a infiltré le PS pendant des années, et n'hésite pas à user du triptyque intimidations-pressions-action en justice.
Ainsi Nadine Jeanne se voit exclure de son association culturelle lorsqu'elle se retrouve sur la liste de l'opposition en 2001. Des tracts diffamatoires la qualifient de socialo-communiste, de trotskiste, de pro-délinquants.
Bernard Bruet qui dénoncera le scandale du chauffage urbain – on facture aux administrés du charbon alors que la centrale brûle au fioul! - verra sa femme convoquée par le maire pour le ramener à la raison, puis il sera menacé de ne plus recevoir de subventions pour son association.
Même chose pour le blogueur Christophe Grébert qui monte le blog « MonPuteaux.com » très critique pour la direction municipale. Dès lors CCR interdit de rentrer dans les locaux publics du conseil municipal avec un appareil photo. Puis dès qu'il se rends au conseil municipal Christophe Grébert est encerclé par les policiers municipaux. Charles Ceccaldi a même accusé Christophe Grébert de penchants pédophiles...

Source : "9-2 : le clan du Président" (Hélène Constanty-Pierre Yves Lautrou)

mardi 12 février 2008

Pétrole africain : détourner plus pour gagner plus

S'il y a bien un domaine dans lequel la France ne connaît pas de "rupture" c'est bien la Françafrique, à savoir le soutien et la participation de la France à l'affairisme et à des dictatures en Afrique. Déjà dans son ouvrage "la Françafrique" François-Xavier Verschave avait décrit de manière concrète ce système. Mais dans son ouvrage "Afrique, pillage à huis clos" le journaliste d'investigation Xavier Harel décrit les détournements de pétrole au Congo-Brazzaville. Une enquête pertinente démontrant le caractère organisé des détournements et la passivité face à ces agissements.

Le Congo-Brazzaville est un des principal producteur de pétrole africain. Malgré l'existence de la manne pétrolière les deux tiers des congolais vivent sous le seuil de pauvreté (soit moins de 1 dollar par jour), l'espérance de vie y est de 52 ans.
A l'origine de ce décalage : l'opacité des transactions financières en Afrique qui a attiré certains de nos meilleurs patrons (Bolloré, Bouygues...) : l'Afrique est en effet un véritable triangle des Bermudes financier.
Ainsi concernant le pétrole congolais tous les ans des milliards de dollars de revenus pétroliers s'évaporent mystérieusement.
Le Congo est dirigé par Denis Sassou Nguesso, patron de 47 entreprises qui se voient souvent attribuer des marchés publics. Afin de mieux décrire ce chef d'Etat surnommé par certains « le marxiste en Cardin », narrons une petite anecdote. En 2005 l'ONU a fêté ses 60 ans et a organisé un congrès dont un des thèmes principaux était la lutte contre l'extrême pauvreté. Denis Sassou Nguesso était logé dans un hôtel où sa suite lui coûtait 8 500 dollars par nuit. Au terme de ce séjour 81 000 dollars ont été versés rien que pour sa suite, 295 000 pour le reste de la délégation et 51 000 dollars rien que pour la réservation. La moitié de ces sommes a été acquittée en liquide. Denis Sassou Nguesso est l'archétype du chef d'Etat africain affairiste et multimillionnaire.
Le système de l'évaporation du pétrole est très bien organisé : sociétés écrans, détournements, pots-de-vin ou paradis fiscaux y interviennent.

Le Congo-Brazzaville étant un des pays les plus endettés du monde, le FMI peut lui accorder le statut de pays pauvre très endetté (PPTE) qui permet un allègement substantiel de sa dette. Afin d'être éligible à ce statut le FMI oblige à un audit des comptes de l'Etat, notamment une étude des ressources pétrolières du pays. Un cabinet indépendant, KPMG, est sélectionné. Après de nombreux retards et bâtons dans les roues, le Gouvernement publie une étude compliquée et incompréhensible au commun des mortels. Cependant KPMG constate qu'entre 2003 et 2005 près d'un milliard de dollars de revenus pétroliers ont été « oubliés » par les autorités congolaises dans leurs comptes!
Une étude plus précise du cas congolais prouve l'existence d'un véritable système de détournement des revenus du pétrole.
Dans ce système, la SNPC joue le rôle de boîte noire. A l'origine cette compagnie a été créé en 1998 dans le but de rendre au Congo-Brazzaville son autonomie pétrolière. Pourtant face aux créanciers du pays, ses dirigeants décident de créer des sociétés écrans afin d'éviter toute saisie du pétrole, toutes ces sociétés (Sphynx UK, Sphynx Bermuda, SNPC UK, AOGC...) sont domiciliées dans des paradis fiscaux et permettent de privatiser les revenus pétroliers. Les pratiques sont simples : conflits d'intérêt, plus values étonnantes (achat en-dessous du cours mondial, revente au prix normal), commissions vertigineuses. Notons qu'un des fils du Président Sassou Nguesso est directeur général adjoint d'une des sociétés écrans, l'AOGC.
Ces détournements permettent des enrichissements personnels mais aussi un manque à gagner fiscal pour l'Etat congolais, et donc pour ses services publics, car le pétrole représente 75 % des recettes fiscales de l'Etat.

Selon André Guelfi, un des intermédiaires d'Elf, « si la justice devait mettre en prison tous ceux qui ont touché de l'argent d'Elf, il n'y aurait plus grand monde en France pour former un gouvernement ».
Depuis l'indépendance du Congo en 1960, Elf (Elf Aquitaine devenue ensuite Total après l'absorbtion par TotalFina en 2000) a été à l'avant garde de l'affairisme par ses détournements, corruptions, ingérences politiques et achats d'armes.
Crée en 1965, cette entreprise fut instituée entre autres dans le but d'être un service de renseignement (son premier dirigeant était un ancien des services secrets), être un organe de diplomatie occulte, elle a fait aussi la promotion de certains dirigeants (Bongo, Biya).
Le système Elf comportait trois étages.
Elf payait ainsi des frais de reconnaissance ou des « bonus » pour exploiter un territoire. Dans les faits ceux-ci donnaient lieu à de la corruption voire des détournements : ainsi Denis Sassou Nguesso a bénéficié de nombreux bonus.
Les « abonnements » qui sont des commissions versées sur le compte personnel de chefs d'Etat africains pour chaque baril vendu! Selon le juge Van Ruymbeke ces sommes atteignent une soixantaine de millions de dollars par an.
Le « préfinancement » est un prêt financier en contre partie de droits sur des barils de pétrole encore enfouis.
Grâce à des montages financiers astucieux, des bénéfices importants pouvaient être réalisés par un jeu de taux d'intérêt avec la complicité des banques suisses, de nombreux intermédiaires se voyaient gratifiés.
En outre pour compliquer le tout Elf avait différentes filiales : Elf Aquitaine, Elf Congo, Elf Gabon, Elf Trading, FIBA. L'entremêlement des liens entre ces filiales étant ce qu'il est Elf trichait sur la quantité et la qualité du pétrole afin de mentir sur le prix du pétrole et avait quelques cargaisons fantômes toujours pour dissimuler une part du pétrole des comptabilités officielles.
Retenons, simple information, qu'Elf Afrique fut longtemps dirigée par André Tarrallo, ami de Charles Pasqua.

Mais Elf n'est pas seule à entrer dans le "business".
Il y a tout d'abord de l'entreprise Total.
Au retour au pouvoir de Denis Sassou Nguesso celui-ci souhaite revenir sur une transaction réalisée entre son prédecesseur et le Groupe Total. Après près de cinq ans de bataille judiciaire un arrangement est convenu, Total cédant ainsi à l'Etat un gisement pour un franc symbolique. Cependant ce gisement n'est pas confié à l'Etat mais à une entreprise privée, Likouala SA, contrôlée par une entreprise résidant dans les Iles Vierges (et dont l'administrateur est un salarié de...Total), financée par BNP Paribas.
Selon l'ONG Save the children Total se classerait 21ème sur 25 dans le classement des compagnies pétrolières les plus transparentes au monde.

Il y a aussi de BNP Paribas.
Pour illustrer le rôle de cette banque, première au monde dans le financement des matières premières, il suffit de narrer le règlement en 2002 d'une dette vis-à-vis du Zaïre. Afin de la régler le Congo-Brazzaville fait intervenir huit entreprises domiciliés dans six pays différents dont deux paradis fiscaux, BNP accorde 45 millions de dollars en contre partie d'une rente sur le pétrole. La participation d'une quinzaine d'intervenants permet d'importantes commissions et des détournements. Une plainte a été déposée par un fond d'investissement américain pour détournement. La facture promet d'être plus importante que pour l'affaire Executive life.
BNP Paribas a ainsi prêté des milliards de dollars contre la rente pétrolière. Dans ses montages financiers apparaissent les sociétés écrans liées au détournement du pétrole congolais. Ces prêts sont on ne peut plus avantageux : la BNP participe à l'évaporation des revenus du pétrole, bénéficie de frais et de commissions liées aux transactions ainsi que d'intérêts.

samedi 9 février 2008

Manuel Aeschlimann, le Machiavel d'Asnières

Sorti le 6 février "9-2, le clan du Président" d'Hélène Constanty et Pierre-Yves Lautrou est un véritable résumé de l'affairisme politique dans les Hauts-de-Seine qui sont à la corruption politique ce que le 9-3 est à la petite délinquance : si dans le 9-3 les racailles font du rap, dans le 9-2 elles font de la politique. Inspiré par cet ouvrage cet article résume l'activité du maire d'Asnières, Manuel Aeshlimann.

Certaines villes du 9-2 ont été de véritables laboratoires ou objets à propagande pour la France d'après de Nicolas Sarkozy. L'exemple d'Asnières mérite qu'on s'y arrête : cette ville sans originalité était dirigée pendant près de trente ans par un gaulliste, Michel Maurice-Bokanovski. Aujourd'hui la ville fait le bonheur d'Internet et de Dailymotion pour ses calomnies, tracts anonymes, procès en diffamation, mises en examen et surtout ses conseils municipaux houleux. A défaut d'avoir bâti la France d'après, le maire Manuel Aeschlimann a bâti l'Asnières d'après. Mais arrêtons-nous un instant sur le « putsch » de Manuel Aeschlimann, par ailleurs amateur de Nicolas Machiavel.

A la fin des années 80, « Boka » est un peu lassé par son activité de maire, il lui arrive même de s'endormir lors des conseils municipaux. Il délaisse partiellement le pouvoir à son premier adjoint et successeur désigné, Yves Cornic, qui à l'exemple du couple Balkany à Levallois, couvre la ville de chantiers et de ZAC. Certains riverains inquiétés s'organisent en associations.
Manuel Aeschlimann fait lui la rencontre de Frantz Taittinger, issu de la grande famille du même nom. Tous deux se retrouvent dans la liste de « Boka » aux municipales. Tous deux décident alors de trahir leur maire en prenant parti pour les associations de riverains, des tracts anonymes dénoncent aussi la collusion entre le maire et les promoteurs.
En 1991 les deux hommes décident de mettre le maire en minorité au sein du conseil municipal. Ils sont alors exclus du RPR. Ils ne perdent pas pour autant de vue leurs objectifs – cantonales de 1992 et législatives de 1993 – et se voient opposés à Georges Tranchant. La campagne donne lieu à un affrontement entre les gros bras des camps respectifs. On accuse Taittinger de vouloir « faire venir les arabes à Asnières » en se fondant sur les origines algériennes de sa femme. Mais Taittinger triomphe malgré tout, Manuel Aeschlimann devient le premier adjoint en charge notamment de la communication.
Mais notre Machiavel du 92 ne s'arrête pas là : Taittinger connaît des problèmes de succession familiale et de santé qui le fragilise, on l'informe aussi qu'Aeschlimann complote contre lui en manipulant des associations de riverains. En 1998 Aeschlimann soutient de manière cachée le candidat UDF aux cantonales : Taittinger perd son siège au profit du candidat socialiste. Il démissionne de son mandat de maire et ne se représentera pas aux législatives. Par bonheur Manuel Aeschlimann est là...

Devenu maire grâce à ce double putsch il met en oeuvre les mesures de Nicolas Sarkozy : lutte contre l'insécurité, instauration d'un couvre-feu pour les mineurs qui lui vaudront les faveurs des médias. Il installe aussi une vidéosurveillance dans la commune. En 2004 il est mis en cause quand son directeur de cabinet s'incruste dans le local chargé de la surveillance. Celui-ci indique qu'un socialiste tracte des « documents injurieux » contre le maire et invite la police à l'arrêter. Le brigadier-chef refuse malgré les menaces. Certains dénoncent alors la déviance vers une police politique. De même Manuel Aeschlimann n'hésite pas à attaquer en justice ceux qui critiquent son bilan pour diffamation.

Mais la grande spécificité de Manuel Aeschlimann c'est le marketing politique qu'il a enseigné à Science-Po : il est ainsi friand de sondages (il en a réalisé plusieurs au profit de Nicolas Sarkozy dans sa longue marche vers l'Elysée), mais aussi d'une conception communautariste de la politique.
En se fondant sur les listes électorales il envoie ainsi cinq magazines différents aux Asniérois en se basant sur leur âge et leur sexe, afin d'adapter sa communication.
Le pire c'est qu'en 2006 il a constitué des fichiers d'électeurs avec les mentions « Maghreb » ou « sans Maghreb » afin d'adapter sa communication à l'origine ethnique de ses administrés. En 2001 il a réalisé un tract pour les municipales destinés aux Africains et originaires d'Outre-Mer mettant en vedette sa femme, d'origine antillaise. Même chose en 2004 où une de ses adjointes cible l'électorat musulman en parlant d'une mosquée et d'un carré musulman dans le cimetière d'Asnières.

En harmonie avec Nicolas Sarkozy il créé un conseil des communautés, reçoit les différentes communautés ethniques ou religieuses, accorde des aides aux communautés israélites, catholiques, musulmanes ou aux témoins de Jéhovah.

Enfin la dernière spécificité de Manuel Aeschlimann c'est son traitement des opposants : toute attaque peut mener au procès pour diffamation, la chambre régionale des comptes a ainsi calculé que les frais d'honoraires d'avocat de la ville étaient huit fois plus élevés que dans les villes de même taille du département.
Et au-delà de ses opposants politiques il compte aussi des opposants au sein de son propre camp. Ainsi Josiane Fischer, ex-membre du RPR proche d'Anticor, a été victime comme beaucoup de ses collègues d'un bluff lors du remplacement de Frantz Taittinger par Manuel Aeschlimann : alors que celui-ci avait promis de conserver la même liste pour les municipales, une partie de ses membres a été rayée de cette liste. C'est alors qu'un tract anonyme diffamatoire circule pour les mettre en cause.
Dans la même veine, Manuel Aeschlimann accuse parfois les associations de riverains qui s'opposent à lui d'être des sectes..

vendredi 8 février 2008

Séquence souvenir : l'affaire du sang contaminé

« La justice aura traîné pendant onze ans les parties civiles dans les dédales d'un Palais de justice pour leur dire finalement qu'un dossier constitué de cent trente tomes, de multiples procès-verbaux, de multiples auditions, de multiples documents, ne mérite même pas d'être examiné! ». C'est par ces mots de colère que Maître François Honorat, un des avocats des victimes de l'affaire du sang contaminé, commente la décision de la Cour de cassation du 18 juin 2003.
Cette affaire aura mise en cause trente fonctionnaires, médecins et scientifiques, ainsi que trois ministres, mais au final il n'y aura eu que deux condamnations : celles du docteur Michel Garetta, président du centre national de transfusion sanguine (CNTS) et de son adjoint pour la recherche, Jean-Pierre Allain, qui accompliront respectivement deux ans et demi et un an de prison.

L'affaire du sang contaminé éclate le 25 avril 1991. C'est ce jour que la journaliste de « L'Evènement du jeudi » Anne-Marie Casteret publie un article sur l'affaire : dans cet article elle indique que le CNTS a continué à délivrer des lots de produits sanguins qu'il savait contaminé par le virus du SIDA et n'a rien fait pour disposer de produits plus sûr, plus tôt. Pour prouver ses propos elle relate les extraits d'un compte rendu de réunion du CNTS du 29 mai 1985. Dans celui-ci ils indiquent : « tous nos lots sont contaminés », mais il ne faut pas arrêter la distribution au risque de « graves conséquences financières ».

En cause dans cette affaire, le docteur Garetta. Ce médecin qui avait un salaire annuel de 1,2 million de francs, dispose aussi de stock-options et d'actions dans des sociétés-satellites créées autour du CNTS.
Dès 1983 les scientifiques se rendent compte qu'il suffit de chauffer le sang pour « tuer » le virus du SIDA. En mars 1983 est autorisé aux Etats Unis l'Hemophil T, premier produit chauffé; en 1984 lors du congrès de Munich le chauffage du sang est recommandé. Lorsqu'en 1984 un laboratoire américain propose à Michel Garetta un tel procédé, celui-ci refuse. De même que le CNTS refusera d'appliquer la méthode de chauffage mise en place par le Centre de transfusion sanguine de Lille, car ils étaient vexés qu'ils aient réussi avant eux...Idem lorsqu'on réclame d'importer du sang, notamment pour les hémophiles, au motif que ça entraînerait des fuites de devises. Le CNTS continue donc de répandre un sang qu'il sait contaminé.

Les politiques sont aussi mis en cause. Si le secrétaire d'Etat à la Santé, Edmond Hervé, décide que seuls les produits chauffés seront remboursés par la Sécurité sociale en juillet 1985, la prise d'effet de la décision est repoussée au mois d'octobre pour des raisons économiques. Bilan : 3 000 hémophiles traités, la moitié devient séropositive, deux cents sont contaminés par le SIDA et 165 en décèdent. Pourtant diverses études informaient du danger.
Par ailleurs une circulaire interne au CTS invite à écouler les lots de sang non chauffés en stock. Michel Garetta justifiera son choix au nom du patriotisme économique...D'autres directeurs de centre se refuse à des contrôles du sang, pour faire mieux que leur voisin en matière de productivité.
Le dépistage pourtant fortement conseillé, est peu appliqué. Lorsque le laboratoire Abbott, américain, met en place un système de dépistage, les autorités françaises refusent au nom de l'intérêt économique car elles attendent que l'Institut Pasteur finalise son propre test. Nouveaux retards lorsqu'on constate que le test américain coûte deux fois moins cher que le test français.

A la publication de l'article de « l'Evènement du jeudi » Michel Garetta dénonce un « lynchage médiatique ». Mais comme le disait Emile Zola, la vérité est en marche et rien ne pourra l'arrêter : le 22 octobre Michel Garetta est inculpé, tout comme Jacques Roux et Robert Netter pour non-assistance à personne en danger. Le 4 novembre c'est Jean-Pierre Allain qui est inculpé.
Le 20 décembre 1991 le tribunal administratif de Paris reconnaît la responsabilité de l'Etat dans la contamination d'un hémophile et fixe la période en cause : du 12 mars au 19 octobre 1985, le Conseil d'Etat étendra cette période au 22 novembre 1984 au 19 octobre 1985. Les trois ministres mis en cause pour complicité d'empoisonnement, Edmond Hervé, Georgina Dufoix et Laurent Fabius, sont jugés par la Cour de justice de la République mais seul Edmond Hervé est condamné pour « homicide et blessures involontaires » mais est dispensé de peine.
Pour ce qui est des trente hauts responsables mis en cause la Cour de cassation les relaxe le 18 juin 2003 car selon elle l'empoisonnement suppose l'intention de tuer et pas seulement le fait de savoir que le produit utilisé contient un virus mortel. Comme l'indique François Malye (auteur de l'article ayant inspiré cet article dans l'ouvrage « Histoire de la Cinquième République »), il n'y a empoisonnement qu'avec la ferme intention de tuer, et non si la lâcheté, l'incompétence et les pressions sont responsables de la mort. Une jurisprudence qui honore la France.

mercredi 6 février 2008

Alain Minc et le capitalisme français

Selon certains experts et intellectuels, la France serait un pays économiquement archaique, peuplé de syndicats sectaires, de fainéants vénérant les 35 heures, leurs droits acquis et les RTT.
Pourtant une étude plus poussée du capitalisme français démontre le caractère moyen âgeux de celui-ci. Celui-ci se distingue en effet par son opacité, ses connivences et son système de réseaux, bien loin du système libéral anglo-saxon dont se réclame l'intelligentsia française.
Ainsi dans son ouvrage « Petits conseils », Laurent Mauduit, ex-journaliste du Monde, s'attarde sur le cas d'Alain Minc, véritable portrait vivant du capitalisme à la française.

Alain Minc et la Caisse d'épargne

Comment Laurent Mauduit, auteur de l'ouvrage, a-t'il été amené à démissionner du magazine Le Monde qui était pourtant son employeur?
Tout commence avec un scoop concernant la Caisse d'épargne. Celle-ci négocierait dans le plus grand secret un accord avec la Banque populaire, en vue de créer une structure commune : Natixis. Laurent Mauduit est particulièrement intéressé par cette info, d'autant que beaucoup de choses l'intriguent dans cet accord : il est fait sans l'accord pourtant obligatoire de la Caisse des dépôts et consignations, est particulièrement avantageux pour la Banque Populaire. Lorsque la Président de la CDC, Francis Mayer, est hospitalisé pour de graves problèmes de santé (qui le feront d'ailleurs décéder), les négociations s'intensifient...
Laurent Mauduit souhaite balancer l'info dans le magazine Le Monde, et là stupeur : bâtons dans les roues, retards, coupes dans l'article, veto de l'avocat...au final l'article est partiellement censuré.
Laurent Mauduit décide de faire quelques recherches et là il découvre que la Caisse d'épargne est un actionnaire du Monde, qu'Alain Minc a été conseiller d'une des caisses régionales et qu'il avait conseillé Charles Milhaud, président de la Caisse d'épargne, dans une opération financière agressive à l'égard de la CDC, qu'en 2002 la Caisse d'épargne fut la troisième contributrice à un appel à financement du Monde (qui obtient même le secret de cette transaction grâce à une dissimilation comptable qui permet de cacher le nom du donateur).
Notons que pour ses conseils à la Caisse d'épargne Alain Minc toucherait entre 150 000 et 200 000 € par an, que la banque Rotschild – conseillère de la Caisse d'épargne - est aussi conseillère du Monde, que Le Monde souhaite fusionner ses activités médiatiques du Midi avec celles du groupe Lagardère avec l'aide...de la Caisse d'épargne, que celle-ci a engagé en son sein plusieurs connaissances de Nicolas Sarkozy dont l'épouse de Brice Hortefeux.
Toutes ces informations justifient-elles la censure partielle de l'article de Laurent Mauduit? Une plongée dans le monde d'Alain Minc permet de se poser des questions.

Alain Minc et le groupe de Vinci

Tout le monde en France se souvient de la polémique créée par le départ d'Antoine Zacharias du groupe Vinci avec un gros chèque à la clé en juin 2006. Ce que les gens connaissent beaucoup moins ce sont les coulisses de cette affaire, dans laquelle se situe encore l'omniprésent Alain Minc, véritable Nicolas Sarkozy du monde des affaires.
Suite à une fusion à la Alain Minc entre SGE et GTM, Antoine Zacharias est nommé PDG du nouveau groupe, Vinci. Cette fusion est une nouvelle fois douteuse car si la GTM est dirigée par un ami d'Alain Minc, Gérard Mestrallet, celui-ci a la surprise de découvrir qu'Alain Minc – qu'il rémunère pour des conseils à Suez - dispose de beaucoup d'amis à la SGE datant de l'époque où il officiait à Saint Gobain, qu'Antoine Zacharias, le nouveau PDG de Vinci, est aussi conseillé par Alain Minc.
Et entre Antoine Zacharias et Alain Minc va s'organiser un pacte d'enrichissement mutuel : Alain Minc touche ainsi 160 000 € annuels pour prodiguer ses conseils, qui consistent en fait à prendre un ou deux petits déjeuners mensuels avec le PDG dans un restaurant chic parisien; par ailleurs il rentre au comité de rémunération de l'entreprise et organise les rémunérations virtigineuses d'Antoine Zacharias.
Antoine Zacharias approchant de la retraite, le successeur désigné est Xavier Huillard. Cependant celui-ci a le malheur d'appeler Antoine Zacharias a faire preuve de raison dans ses primes de départ, craignant des effets sur l'opinion publique et un déballage médiatique.
Alain Minc et Antoine Zacharias décident donc de se débarasser de Xavier Huillard en proposant une de leur relation pour le remplacer, Alain Dinin. Les motifs du remplacement étant fallacieux, Xavier Huillard sent qu'on souhaite l'évincer. Une guerre des clans s'organisent, Xavier Huillard rédige alors une lettre adressée au conseil d'administration dénonçant les pratiques du couple Minc-Zacharias, avant de démissionner. Un conseil d'administration est organisé qui désavoue Zacharias.
Lors de son départ Le Monde publie un article élogieux sur Zacharias avec des citations d'administrateurs anonymes. Cependant certaines expressions typiques d'Alain Minc se retrouvent dans cet article. Et lorsque le nouveau PDG de Vinci prend une décision déplaisant à Alain Minc, celui-ci le critique par une lettre qu'il transmet le 15 juin 2006 au matin. Les extraits de cette lettre sont publiés dès l'édition du soir du Monde...
C'est alors qu'Alain Minc retourne sa veste et prend la tête des intransigeants envers Zacharias. Dans le même temps Veolia annonce qu'il souhaite faire une OPA contre Vinci. Notons que Veolia est conseillée par un certain Alain Minc. Artémis entre aussi dans le capital de Vinci. Entreprise dirigée par François Pinault, ami d'Antoine Zacharias et conseillé par...Alain Minc.

Alain Minc et Vincent Bolloré

Autre gros client d'Alain Minc, Vincent Bolloré, l'homme qui parle à l'oreille du Président de la République.
Cet homme provient du clan de Claude Bébéar, grand parrain du capitalisme à la française. Il est notamment membre du Club Entreprise et Cité (avec Jean René Fourtou, Thierry Breton...).
Leur amitié date de l'époque où Alain Minc négociait avec le groupe Bouygues pour la constitution du groupe Vinci. Suite à l'échec des négociations, et avec un grand esprit de discrétion, Alain Minc contacte Vincent Bolloré pour lui proposer de faire une OPA sur le groupe. Les négociations lui ont en effet permis de disposer de beaucoup d'informations sur le groupe (sous coté en Bourse, fragilité depuis le décès de Francis Bouygues). Il est convenu qu'Alain Minc touche 1 % des plus values réalisées.
Une OPA est donc lancée. Après diverses aventures un pacte d'actionnaire est signé entre Martin Bouygues et Vincent Bolloré afin de calmer les hostilités. Ce pacte est trahi par Bolloré dès le lendemain de sa signature, Bouygues décide alors de le faire rentrer au conseil d'administration du groupe. A ce poste il met en doute les finances du groupe, diligente même un ancien de la brigade financière pour prouver des malversations. Au terme Bolloré se désengage, un autre ami de Minc, François Pinault rachetant ses parts. Bilan : 230 millions d'euros de plus values en 8 mois pour Bolloré et 1 % à Minc.
Cette somme est aussitôt réinvestie dans une autre OPA contre le Groupe Pathé. Bilan : une hausse de 40 % de l'action en Bourse et une plus value de 300 millions d'euros et 1 % à Minc. Même opération pour Havas et Aégis.
Vincent Bolloré doit aussi à Alain Minc son entrée dans les médias. Ainsi Alain Minc, qui est rémunéré par Bolloré, « accepte » qu'il soit choisit par Le Monde pour lancer un gratuit, Direct Soir! Alain Minc ou le roi du conflit d'intérêt. Le fils de Vincent Bolloré dirige aussi une chaine de la TNT, Direct 8, dans laquel un expert dispose de son émission hebdomadaire. Le nom de cet expert? Alain Minc...