mercredi 20 février 2008

Les "ACMH", privilégiés de la République

Il existe une profession particulièrement nantie, sans pour autant être défendue par la CGT ou par Sud ou même dénoncée par Jean Pierre Pernault : les architectes en chef des monuments historiques ou « ACMH ».
Cette profession, comptant seulement 54 personnes, a le monopole pour la restauration des 40 000 monuments historiques. Et c'est ce monopole qui constitue son premier privilège : ainsi elle bénéficie d'un quasi-monopole pour tous les travaux intéressant le ministère de la Culture.
Leurs parts de marché vont s'accroître avec la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat qui leur confie la gestion des édifices religieux où ils remplacent les architectes diocésains.
Ils bénéficient aussi d'une circonscription sur laquelle ils ont un monopole : ainsi à l'époque de l'incendie du Parlement de Rennes (sa « circonscription d'alors), l'Etat a versé à Alain Charles Perrot, interrogé par Yvan Stefanovitch, 18 millions d'euros en frais d'études et de travaux.

Le deuxième privilège des ACMH c'est leur salaire : ainsi Alain Charles Perrot déclare avoir perçu près d'un million d'honoraires de l'Etat en 2002 et toucher 25 000 € annuels, et comme ils bénéficient d'un quasi-monopole sur les monuments historiques les particuliers propriétaires de monuments classés ou inscrits doivent passer par eux, même si leurs prestations sont trois fois plus chères que les autres architectes travaillant dans le même domaine.

Troisième privilège : les logements de fonction. En vertu d'un usage les ACMH logent sur leur chantier : ainsi Alain Charles Perrot loge à l'Opéra Garnier où il a installé ses bureaux, hors ce chantier dure depuis quinze ans. Dans un rapport de 2001, la Cour des Comptes dénonçait ces pratiques. Un ACMH a ainsi logé pendant quinze ans au château de Versailles. Certains indiquent sur l'annuaire ces adresses prestigieuses, car beaucoup utilisent ces logements en logements professionnels.

Par ailleurs cette profession bénéficie d'autres faveurs : elle peut ainsi (c'est le cas depuis le Moyen Age) cumuler ses activités publiques et privées; par ailleurs les ACMH sont contrôlés par eux-même! Ainsi au sein de l'inspection générale des monuments historiques onze membres sur trente trois sont des ACMH, ce qui leur permet d'être à la fois juge et partie, experts et maître d'oeuvre, et de bénéficier en plus pour cette activité d'auto-contrôle d'une indemnité mensuelle de 2 000 €.

De plus la profession est fortement centralisée sur Paris et sa région puisque la moitié des ACMH y travaille, tout comme l'activité : en 2006 la moitié des crédits était consacrée à la seule restauration des monuments parisiens.

Au-delà des ACMH le ministère de la Culture brille par sa générosité en matière de logements de fonction : 882 au total, ce qui est le cas de 230 salariés sur 550 au château de Versailles. A Beaubourg le président loge dans un 274 m². A la villa Médicis à Rome, le responsable gagne 10 000 € mensuels pour surveiller quelques artistes et est logé dans un 380 m² (quid des cheminots? ont-ils aussi des logements de fonction de 380 m²?). Cette villa coûterait 5 millions d'euros au contribuable en simples frais de fonctionnement.

Source : "Aux frais de la princesse" (Yvan Stefanovitch)

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