lundi 25 février 2008

Gaston Flosse, le retour (bis)

Suite de notre article d'hier sur Gaston Flosse, qui revient au pouvoir la même année que Rambo au cinéma.
Même source pour l'article : "Polynésie : les copains d'abord" de Séverine Tessier.

La gestion de la Polynésie ressemblait parfois à celle de la Mairie de Paris, période Chirac-Tibéry, ou à celle des Hauts-de-Seine. Comme pour eux les comptes donnent l'impression d'un fouillis alors qu'il s'agit de techniques comptables élaborées qui permettent la dispersion de l'argent public par la multiplication de comptes, de sociétés mixtes et d'intermédiaires.
Signalons tout d'abord, à titre purement informatif, que le budget de la présidence de Polynésie est de 29 millions d'euros pour un archipel de 250 000 habitants contre 32 millions pour l'Elysée pour un pays de 60 millions d'habitants. Supermenteur a-t'il trouvé plus fort que lui?
Dans son palais Flosse emploie 629 personnes. Arnaud Montebourg, député PS, y dénonce des emplois fictifs : des postes tels que des piroguiers, des ex-miss Tahiti recyclées, des surfeurs, des chanteurs, un curé ou un boxeur! Tous bien rémunérés. A Papeete mêmes effectifs pléthoriques surémunérés. La commune a aussi payé des frais de déplacements pour des fonctionnaires afin qu'ils visitent les lieux touristiques d'Asie du Sud-Est...

Nous avons vu aussi plus haut l'utilisation de fonds publics pour des travaux d'équipements privés. La Sétil, société d'aménagement du territoire (anciennement dirigée par Gaston Flosse), est souvent mise en cause : ainsi elle fait preuve d'un favoritisme dans le choix de ses partenaires, souvent proches du pouvoir. Dans la commune de Pirae, longtemps dirigée par Gaston Flosse et actuellement dirigée par son gendre, un contrat a été signé avec le groupe Bouygues, historiquement lié à la droite, pour la construction d'un hôpital qui devait initialement s'appeler le centre hospitalier « Jacques Chirac »!

Mise en cause aussi, la Socrédo, banque de développement locale. A l'exemple du Crédit Lyonnais celle-ci a accordé à perte des prêts colossaux à des notables locaux. Parmi eux Tonita Flosse, femme de Gaston Flosse, mais aussi leur fils Réginald qui bénéficieront ainsi de crédits gratuits.
Comme à Paris, la constitution de sociétés d'économie mixte privée-publique permet d'attribuer la gestion de services (tourisme, habitat, audiovisuel, pêche...) à des amis proches du pouvoir.

Gaston Flosse justifie complètement son étiquette politique : son engagement politique gaulliste se justifie dans ses pratiques si communes à celles du parti gaulliste sous la Cinquième République.
Ainsi Frédéric de Saint Sernin, proche de Jacques Chirac et ancien collaborateur d'Alain Carignon à la mairie de Grenoble, qui est « chargé de mission » auprès du Président de Polynésie française, poste qu'il occupe...à Paris.

Même situation pour Jean-Jacques de Peretti rémunéré 36 000 € pour une mission de six mois pour promouvoir l'image de la Polynésie. Le 11 octobre 2001 il signe une convention pour un poste de consultant rémunéré 53 000 €, la convention prévoit que le rapport soit publié le 30 septembre, soit avant la date de la convention! (par ailleurs il est précisé que dans ce rapport doit être fait la promotion de la perle, domaine où Louis Won, ami de Flosse, excelle) Signalons qu'une autre étude a été réclamée dans le même temps à une autre société sur le même thème pour un montant de 124 000 €. Malgré cet emploi à plein temps, Jean-Jacques de Peretti a pu assumer des postes de maire de Sarlat (en Dordogne), de président d'une communauté de commune et de conseiller régional.

D'autres membres de l'UMP bénéficieront d'emplois de chargés de mission fictive. Une autre méthode de détournement consiste à créer des bureaux d'étude bidons, et à placer des amis à la tête de sociétés mixtes (EDT, SEP, SAGEP, TSP...).

Le marché de l'eau permet aussi un affairisme made in UMP. 70 % du marché de l'eau mondial est aux mains de deux groupes, à savoir Suez et Vivendi-Véolia. Le groupe Suez, appelé Lyonnaise des Eaux avant ses affaires judiciaires avec Alain Carignon, Botton, Maillard ou les lycées d'Ile-de-France, fut dirigée pendant vingt ans par Jérôme Monod, devenu ensuite conseiller de Jacques Chirac. Selon la chambre territoriale des comptes Suez bénéficie de marchés dans des conditions douteuses, bénéficie d'un quasi-monopole dans la distribution de l'eau et profite de cette situation : dans les communes où l'eau est gérée par Suez le prix de l'eau varie du simple au double par rapport aux communes où elle est gérée en régie municipale! Les contrats sont parfois étonnants (conventions signées pour des durées dérogeant aux pratiques communes).

De plus l'énergie en Polynésie (gérée par EDT en société d'économie mixte) est une des plus chère du monde. Les ordures sont gérées par une filiale de Suez, la SEP, qui les enfouis au mépris des obligations légales.

Le pétrole passe par les mêmes circuits (gérés par Total-Fina) et donne lieux à diverses anomalies (double facturation, évasion fiscale...). La gestion locale est confiée à Albert Moux, ami de Gaston Flosse.

Une affaire - la SEMPAP – mettra aussi en lumière des détournements réalisés entre la Polynésie et la mairie de Paris de la grande époque. Une personne mise en cause dans cette affaire se serait vantée auprès de policiers que cet argent servait au financement des campagnes de Jacques Chirac ou du RPR.
Par ailleurs des indices d'un système d'écoute téléphonique ou d'espionnage numérique ont été dénoncés.

Saluons aussi le comportement de Brigitte Girardin, ex-ministre de l'Outre-Mer, qui a appelé un élu pour condamner le fait qu'il n'ait pas voté pour Gaston Flosse lors de l'investiture et menacé que « la France ferme le robinet » si celui-ci était battu.

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