samedi 17 novembre 2007

La Françafrique, la machine à détourner

Dieu merci, l'Afrique ne nous a pas servi qu'à nous fournir des footballeurs. Elle nous a aussi servi à nous fournir du fric. Après l'indépendance des Etats africains, le Général de Gaulle et Jacques Foccart ont en effet bâti un système - la Françafrique - afin de maintenir un contrôle de fait sur ces Etats, de permettre un accès de la France aux matières premières, à tarif privilégié, mais aussi de détourner des fonds.

Comme on l'a vu précédemment il s'agit notamment de l'aide publique au développement (article du 16 octobre 2007). Mais les détournements sont bien divers.

Une affaire l'a bien illustrée : celle du Carrefour du développement dans les années 80. Dans cette affaire plusieurs millions d'euros ont disparus des fonds du ministère de la coopération et cette ONG s'est signalée par diverses anomalies comptables. En cause Christian Nucci et Yves Chalier, tous deux socialistes. Par chance l'association s'est fait cambrioler. A la suite d'une enquête on découvre que seuls des documents comptables (qui sont des élèments de preuve dans cette affaire) ont été volés et qu'il n'y a eu aucune effraction lors du vol. Après une enquête de la brigade financière on découvre que l'ONG a servi de pompes à fric pour des détournements de fonds (achat d'un chateau, d'un appartement...). Après une longue fuite Yves Chalier décide de rentrer en France et de se rendre à la justice, on remarque alors qu'il est titulaire d'un vrai-faux passeport, délivré par les services secrets probablement sur ordre de Charles Pasqua...au final Nucci sera amnistié grâce à la loi d'amnistie votée par le PS et le RPR alors que Charles Pasqua le sera par le biais du secret défense.

Autre mode de détournement : les opérations humanitaires. Ainsi lors de la guerre civile au Nigéria dans les années 60-70, concernant la sécession du Biafra (cette guerre avait été favorisée par Elf afin de mettre en difficulté ses concurrents anglo-saxon BP et Shell et conquérir des parts de marché, par la France pour lutter contre les l'influence anglaise, par les dictateurs francophones pour affaiblir un concurrent régional), ou pendant l'opération Turquoise au Zaïre en 1994 de nombreuses ONG ont constaté que la France faisait parvenir sur place des caisses de produits humanitaires remplies d'armes dont on peut douter de la gratuité. Même chose à l'époque de l'Apartheid ou en dépit de l'embargo sur l'Afrique du Sud, la France s'est livrée au trafic d'armes par le biais de marchés parallèles.

Les matières premières donnent aussi lieu à des détournements. Citons l'ex-Président togolais Eyadéma dont la gestion de l'Office togolais des phosphates - au main de son clan - avait une vingtaine de sociétés-écrans domiciliées à Jersey, au Panama, au Libéria ou en Suisse. Au Zaïre l'entreprise d'Etat Gécamines qui s'occupe de cuivre et de cobalt a viré en 1978 un milliard de dollars sur le compte du Maréchal Mobutu sans aucune contestation. Citons aussi le cas du versement par la Caisse centrale de coopération de 60 millions d'euros (caisse française) à un organisme ivoirien de stabilisation des cours de cacao sur les conseils très insistants de Jean-Claude Mitterrand en 1989. Quelques années plus tard on découvre alors que la moitié de cette somme a disparu dans le paradis fiscal de Jersey...

Aux Comores les casinos et l'hotellerie servent au blanchiment de capitaux.

Au final cet argent servira à l'enrichissement de dictateurs africains tels que Mobutu (9 milliards d'euros à sa mort) ou Houphouët-Boigny (6 milliards seulement) ou à des partis politiques françaises. Notons que le Front National ("mains blanches et têtes hautes"), n'est pas en reste dans les affaires africaines par le biais du DPS (Département protection-sécurité), son service d'ordre, ou par le GUD qui recrute quelques jeunes en mal d'aventures, ou par quelques uns de ses hommes tels que les frères Bernard et Nicolas Courcelle ou François-Xavier Sidos.

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