mardi 13 novembre 2007

Liberté, égalité...égalité?


"Les valeurs qu'exprimait la Révolution étaient sur le frontispice de tous nos monuments, mais ce que ces valeurs exprimaient n'était nulle part". Ces propos exprimés par Talleyrand sont toujours d'actualité : alors que la République française se glorifie de ses valeurs de Liberté, d'Egalité et de Fraternité, ou de sa volonté de juger les citoyens en vertu de leurs qualités personnelles et non sur des critères de physique ou de naissance, la réalité prouve que le combat républicain est loin d'être clot.
Ainsi, alors que plus de la moitié des citoyens français sont des citoyennes on constate que le champ de la justice sociale semble s'être peu étendu aux femmes.

La justice, c'est tout d'abord la justice en matière économique. Hors les chiffres sont éloquents : ainsi alors qu'elles représentent 55 % des diplômés les femmes occupent 80 % des emplois précaires, 24 % des postes de direction, 6 % des places dans les conseils d'administration des entreprises du CAC 40, elles représentent 83 % des bénéficiaires de minimum vieillesse ou 61 % des allocataires du RMI.
Au-delà de cette réalité chiffrée les femmes sont aussi celles qui sont le plus victimes de discriminations à l'embauche, dans les promotions professionnelles ou dans les augmentations de salaires. En moyenne le salaire d'une femme est de 19 % moindre à celui d'un homme, et de 11 % moindre lorsqu'ils bénéficient tous deux du même profil (âge, diplôme, expérience...).

La justice c'est aussi la justice en matière politique. Il y a près de deux siècles Olympe de Gouges affirmait : « La femme a le droit de monter à l'échafaud ; elle devrait aussi avoir le droit de monter à la tribune ». Si le droit de monter à l'échafaud a été supprimé, le droit de monter à la tribune est lui limité : 12 % des parlementaires sont des femmes alors qu'elles représentent 53 % du corps électoral, ce qui classe la France au 84ème rang mondial en matière de parité politique. Certains partis préfèrent payer des amendes que respecter la loi sur la parité. Ainsi l'UMP présente seulement 26 % de femmes aux législatives de 2007.
Au-delà de ces chiffres, l'exemple de l'expérience de la candidature de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007 prouve les a prioris de la société française (« elle est pas compétente », « elle n 'a pas les épaules », « elle connait rien en politique internationale »...).

La justice c'est par ailleurs la justice en matière judiciaire : les violences conjugales causent un décès tous les trois jours et est la première cause de mortalité féminine en Europe dans la tranche d'âge des 18-44 ans. Elles touchent 400 000 femmes en France. Selon un rapport du ministère de la santé de 2001, 30 % des victimes sont mortes poignardées, 30 % abattues par arme à feu, 20 % étranglées et 10 % rouées de coups jusqu'à la mort. Souvenons nous qu 'en 2002 Jacques Chirac, qui avait fait une campagne présidentielle axée notamment sur la tolérance zéro, a amnistié dans sa loi d'amnistie de 2002 les auteurs de violences contre les femmes mais pas les auteurs de violences contre les animaux...

La justice c'est enfin la justice en matière internationale : dans certains pays des femmes se font assassiner pour des raisons financières (Inde), pour des raisons culturelles (le crime d'honneur dans certains pays musulmans), dans de nombreux pays elles subissent des discriminations politiques ou sociales (mariages forcés, excision, esclavage...).

La Sixième République que nous appelons de nos voeux n'est pas qu'un ensemble de mesures purement institutionnelles : c'est aussi la défense d'une certaine éthique et de certaines valeurs. A ce titre le combat pour une véritable équité entre hommes et femmes est une nécessité de notre combat républicain : l'égalité n'est pas un idéal, c'est un combat.

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