jeudi 29 novembre 2007

Bernard Kouchner, après les sacs de riz, les sacs de billets

Les mauvaise langues disent que Bernard Kouchner a changé. Deux récents articles d'El Pais et du Canard Enchaîné prouvent le contraire. Celui qui s'est fait connaître par ses interventions au Biafra, en Somalie ou en Bosnie n'a rien perdu de sa verve humanitaire. Désormais il vient en aide à une pauvre petite multinationale, Total, victime d'une kabbale judiciaire ces dernières années (AZF, Erika, caisses noires, corruption...).

L'histoire débute dans la fin des années 90 lorsque des travailleurs birmans mettent en cause l'entreprise Total pour mauvais traitements, atteinte aux droits de l'Homme et collusion avec la dictature en place.
Pour se défendre Total indiquait alors que les employés étaient "adultes, volontaires et rémunérés", qu'il n'y avait aucune collusion entre le groupe et l'armée birmane, et qu'elle aurait amélioré la situation sociale et sanitaire de ses employés.
Pourtant beaucoup de groupes qu'on ne peut suspecter d'altermondialisme (selon l'expression d'El Pais) ont quitté la Birmanie pour des raisons éthiques : Texaco, Pepsi Cola, Ericsson, Accor, Motorola, Philips, Appel, Heineken, Shell, Reebok, Carlsberg...
Total a préféré rester et sortir sa caution : Bernard Kouchner, qui a rédigé en 2003 un rapport défendant Total. Ce rapport a été rédigé en trois jours, après une visite de quatre jours où il n'a rencontré aucun opposant à la dictature et aucune association pro-démocratie ou pro-droit de l'homme.
Ce rapport est une véritable pub pour Total, digne de "Martine en Birmanie" : "Total n'a pas recours au travail forcé", le groupe est dirigé au niveau local par des "boy-scouts catholiques" qui ont permis une amélioration de la situation locale.
Ce rapport, rémunéré 3 800 € (que Bernard Kouchner aurait versé à des associations humanitaires), a pourtant depuis été contredit par des responsables de Total, par la justice française en mars 2006 (qui estime la réalité des faits comme prouvée).

Mais Bernard Kouchner ne fait pas de l'humanitaire qu'au bénéfice des multinationales. Sa société de conseil - BK Conseil - conseille aussi les dictateurs africains : contrat de conseil avec le président Omar Bongo au Gabon dans le domaine médical, ou avec Denis Sassou Nguesso dans le même domaine...contrat que Bernard Kouchner avait démenti vivement en accusant de calomnies ceux qui l'interrogeait sur celui-ci, avant de demeurer silencieux lorsque l'information fut confirmée par "La Lettre du Continent".

Soutien aux multinationales douteuses et aux dictateurs : après avoir théorisé l'ingérence humanitaire, Bernard Kouchner n'est-il pas en train de pratiquer l'entrisme humanitaire?

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