mercredi 2 avril 2008

Monsanto, ses produits et ses victimes (bis)

Dans son ouvrage « Le monde selon Monsanto » sorti le 6 mars 2008 la journaliste Marie-Monique Robin réalise une enquête détaillée sur Monsanto, multinationale américaine spécialisée dans les biotechnologies.
Avant de se spécialiser dans les biotechnologies Monsanto, qui a été créée en 1901, a produit respectivement de la saccharine, de la caféine, de la vanilline, de l'aspirine, du caoutchouc et des phosphates.

En 1945 elle se met à produire respectivement des herbicides et des insecticides, des plantes génétiquement modifiées, de l'aspartame, l'agent orange ou des hormones de croissance.
Monsanto a ainsi produit le PCB (pyralène), utilisé notamment dans la production industrielle.
Ainsi dans la ville d'Anniston, où se situe la principale usine de Monsanto, a rejeté pendant des années du pyralène dans la principale rivière de la ville.
Dans le cadre de son enquête Marie-Monique Robin a eu l'occasion d'étudier près de 500 000 pages de documents internes que Monsanto a voulu dissimuler (notes de service, directives internes...) qui attestent que Monsanto connaissait le caractère toxique de ces pollutions à l'origine de nombreux décès, notamment par cancer.
Marie-Monique Robin a ainsi trouvé des argumentaires établis par Monsanto afin de répondre aux questions dérangeantes. Elle a aussi trouvé des études menées sur des rats ou sur des poissons aux résultats très inquiétants. Dès 1937 Monsanto savait le caractère dangereux du pyralène mais l'a commercialisé jusqu 'en 1977!
Pour ce faire elle a bénéficié de la complicité d'un certain Joe Crockett, travaillant pour un organisme, l'AWIC, qui aurait réglé tout problème avec la FDA, chargée des contrôles aux Etats Unis.
Elle a aussi manipulées ses études pour cacher le caractère toxique du pyralène.

Monsanto a aussi produit de la dioxine.
L'histoire qu'a connu la ville de Times Beach illustre le style Monsanto.
Cette ville connaît des problèmes liées à la poussière. Pour faire disparaître ce problème la Bliss Waste Oil Company, qui travaille avec des produits Monsanto, propose de répandre un de ses produits sur la ville.
Très rapidement on retrouve des animaux morts. Mais le drame survient en 1982 lors d'une inondation dans la ville où on découvre l'ampleur de la pollution et des conséquences sur la santé des habitants (problèmes de peau, cancers...).
Dans cette affaire la numéro un de l'EPA, chargée de l'environnement, sera mise en cause : dans le cadre de l'enquête elle a détruit tous les documents mettant en cause Monsanto, alors qu'elle avait l'habitude de déjeuner régulièrement avec ses dirigeants.
En cause aussi le docteur Suskind qui falsifiera des études pour cacher le danger de la dioxine.
L'affaire de la dioxine prouve les méthodes de Monsanto. Lorsque Cate Jenkins ou William Sanjour s'inquièteront de la légèreté des tests de toxicité de Monsanto, ils seront victimes de pression, de menaces et seront licenciés.
L'enquête de Marie-Monique Robin montre aussi que Monsanto a infiltré les organes de décisions (exemple : la Maison Blanche, l'EPA, la FDA) de ses hommes, ou que des études ont été frauduleuses.
Elle narre aussi l'histoire de Richard Doll, scientifique respecté qui avait prouvé le lien entre le cancer et la consommation de tabac. Ce scientifique réputé pour son intégrité a défendu Monsanto par le biais d'études. Après sa mort on a découvert qu'il percevait un salaire de la part de Monsanto...

La commercialisation de l'hormone de croissance bovine démontre aussi tout le savoir-faire de Monsanto. Cette hormone permettait d'augmenter de 15 % la productivité des vaches laitières.
Un scientifique de la FDA, Richard Burroughs, a été étonné par le manque de sérieux des études de Monsanto : études truquées, lacunes majeures. Il a alors alerté sa hiérarchie. Au final on lui a mis des batons dans les roues, il a été viré pour incompétences. Selon lui la FDA a « sciemment fermé les yeux » sur le dossier alors qu'elle est en charge de contrôler l'innocuité des produits.
Dans cette affaire Monsanto a aussi fait pression pour que la presse scientifique la défende, et utilisé le pantouflage, au risque du conflit d'intérêt. Ainsi Margaret Miller, à l'origine du texte de la FDA autorisant l'hormone de croissance bovine, est une ancienne employée de...Monsanto.
Pourtant sur le terrain l'hormone de croissance est loin de faire l'unanimité : pour beaucoup les résultats en terme de productivité sont catastrophiques à terme, certains comparent le produit à une drogue qui rend les vaches dépendantes.
Concernant la presse Jane Akre et Steve Wilson, journalistes au sein de la Fox, ont eu affaire à Monsanto et s'en souviennent. Ils réalisent un reportage sur l'entreprise, mais l'avocat de Monsanto contacte la chaîne pour dire qu'ils n'apprécient pas leur démarche. Les journalistes réécrivent quatre vingt trois fois le scénario du reportage! Au final ils se font virer de la Fox. Au terme du procès la justice reconnaît aux chaînes américaines le droit de mentir au public...

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