mercredi 30 janvier 2008

Si tu es malade et que tu as un bon portefeuille, tu m'intéresses

Le grand Hypocrate avait donc raison. Le grand médecin grec affirmait « c'est la nature qui guérit les malades ». Notre ministre de la santé, Roselyne Bachelot, qui a pour mission de résorber le trou de la sécu, semble elle aussi de plus en plus compter sur la nature pour guérir les malades.
Autrefois les malades étaient considérés comme des victimes, aujourd'hui ils sont considérés comme des coupables, qui doivent à ce titre être exclus de la solidarité nationale. Après les franchises médicales, de plus en plus de pseudos-experts médicaux proposent d'exclure les affections longues durée (ALD) des remboursements à 100 %.
Pourtant cette conception de la santé qui consiste à affirmer que les Français abusent de la générosité de la sécu pour se soigner est quelque peu archaïque, et est déconnectée du réel.

Ainsi une étude d'UFC-que choisir vient à contre-courant des idées reçues.
Cette étude porte sur cinq grandes familles de médicaments et indique que les prescriptions de médicaments en ville sont peu rationnelles : ainsi les médecins ne prescrivent pas toujours les médicaments les moins chers, même si ceux-ci sont plus efficaces. Bilan : 200 millions d'euros annuels de gaspillés.
Ainsi concernant la prévention ou les suites d'un accident cardio-vasculaire, le Plavix, vingt sept fois plus cher que l'aspirine, est dans 50 % des cas prescrit à tort. Bilan : 70 millions d'euros annuels de gaspillés. Idem pour les prescriptions dans le cadre de reflux gastro-oesophogiens, d'arthrose ou d'hypertension (132 millions d'euros).

Selon les études de l'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) et de la Cour des Comptes ces surplus sont liés à l'influence trop importante de l'industrie pharmaceutique sur les prescriptions des médecins : ainsi en France il y a un visiteur médical pour neuf médecins libéraux, soit le double de l'Angleterre ou l'Allemagne, et le quadruple de la Hollande.
UFC-Que choisir s'interroge sur l'immobilisme du ministère de la Santé en la matière, lui qui est pourtant si imaginatif pour trouver des mesures de sanctions contre les malades-pêcheurs. Il n'a pas encore proposé aux malades de se confesser devant un prêtre pour qu'il lui lui pardonne d'être malade. Pour l'instant...

UFC-Que choisir fait quelques propositions : développer une information publique des médecins, avec des visiteurs médicaux sous l'autorité de la Haute Autorité de la Santé : 1 700 personnes, pour un coût de 200 millions d'euros, financés par une taxe sur les laboratoires pharmaceutiques; un encadrement strict des visites privées : augmenter la taxe sur les promotions des produits pharmaceutiques et diminuer le volume des visites médicale.
Mais si le Gouvernement est prompt à prendre des mesures « courageuses » à l'encontre des assurés sociaux, on imagine que ce courage sera moins important pour brider les multinationales de la santé.

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