lundi 14 janvier 2008

L'affaire Urba ou le financement occulte du parti socialiste

L'excellent ouvrage « Histoire secrète de la Vème République » (Roger Faligot, Jean Guisnel) est une véritable encyclopédie sur toutes les dérives de la république gaulliste. Cet ouvrage fait ainsi, entre autres, la description du financement occulte des partis politiques qui a caractérisé cette république.

Le financement occulte du parti socialiste a lui éclaté au grand jour lors de l'affaire Urba.
Après avoir fédéré les forces républicaines et socialistes lors du congrès d'Epinay en 1971, François Mitterrand songea alors aux futures élections présidentielles, qui nécessitaient un financement à hauteur de ses ambitions.
Pour ce faire Pierre Mauroy et Guy Marty mirent en place un bureau d'études, Urba. Ce bureau proposait ainsi une « assistance commerciale » aux entreprises souhaitant obtenir un marché public auprès de collectivités locales socialistes. Urba encaissait 1 à 2 % du montant des contrats et répartissait l'argent restant à hauteur de 40 % pour ses frais de fonctionnement, 30 % pour la fédération locale du PS et 30 % à la direction nationale.
Urba devint ainsi un passage obligé pour l'accès aux marchés publics. De son côté le PS souhaite par ce système organisé éviter les dérives locales...cependant c'est bien le contribuable qui paie à terme.

Les courants minoritaires du PS s'estimant lésés dans ce financement, c'est une structure parallèle – la SAGES – qui leur servira de pompe à fric. La SAGES réparti différemment les sommes : un tiers pour la SAGES et les deux tiers restants aux élus locaux, Solférino ne touchant rien.

Au plus fort du système, le PS reçoit des dizaines de millions d'euros annuels d'Urba.
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu'à ce qu'un inspecteur de police marseillais, Antoine Gaudino enquête sur ce système. Il obtient ses premiers témoignages, ses premiers soutiens. Le 19 avril 1989 il perquisitionne le bureau régional d'Urba à Marseille et tombe sur les carnets de Joseph Delcroix, directeur administratif, qui mentionnent les entrées et sorties d'argent.
Cependant Antoine Gaudino est lâché par sa hiérarchie et révoqué en mars 1991, mais un élu écologiste relance la procédure par une plainte au tribunal administratif.

De son côté le juge Thierry Jean-Pierre reçoit un coup de fil anonyme lors d'une enquête anodine dans la Sarthe...dès lors il perquisitionne le siège national d'Urba le 7 avril 1991. Le TGI de Meaux le dessaisit pourtant de l'enquête, allant jusqu'à lui notifier sa décision à sa sortie du siège, sur le trottoir...

L'affaire est pourtant divisée en dizaine d'affaires locales, qui mènent pourtant toutes à Henri Emmanuelli. Celui-ci relativise les versements, ne nie pas sa connaissance du système, mais nie son implication dans celui-ci et se pose en bouc-émissaire.
Il fut finalement condamné à dix-huit mois de prison et à deux ans d'inéligibilité. Lionel Jospin invoquera lui une responsabilité collective visant l'ensemble du PS.
Les dirigeants d'Urba et de la SAGES, Gérard Monate et Michel Reyt, cumuleront eux les peines et les amendes, sans pour autant se défausser sur le PS.

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