vendredi 11 janvier 2008

Eau et opacité : la continuité tranquille

Finalement Nicolas Sarkozy nous fait de plus en plus penser à "Greg le millionnaire". Dans cette émission de télé-réalité une personne faisait croire à plusieurs jeunes filles qu'il était millionnaire, et après de multiples aventures il leur apprenait qu'il était maçon.
Nicolas Sarkozy ressemble de plus en plus à "Greg le millionnaire" donc. Pendant des mois il a dragué la France : "je serai le président du pouvoir d'achat", "je suis celui qui agit", "je bâtirai la France d'après", "je veux incarner le rêve français", "ensemble, tout devient possible", et après l'avoir séduite il lui annonce la terrible nouvelle : "je peux pas augmenter le pouvoir d'achat, les caisses sont vides".
Rassurons
Sarko le millionnaire si les caisses sont vides, on peut toujours les remplir, dès lors qu'on en a la volonté : les caisses des multinationales sont ainsi elles bien remplies.

Car les multinationales de l'eau font toujours autant parler d'elles. Quelques semaines après un rapport d'UFC-que choisir sur le caractère anormalement élevé de leurs tarifs, le Canard Enchaîné du 9 janvier nous indique que différents élus d'Ile-de-France viennent d'adresser une lettre au SEDIF (Syndicat des eaux d'Ile-de-France, dirigé par André Santini) pour dénoncer le contrat liant leurs communes à Veolia, ex-Vivendi, depuis 1923 pour la gestion de l'eau ainsi que leurs importants bénéfices, liés entre autres à des tarifs plus élevés qu'ailleurs. Ainsi à Paris ils sont de 40 % supérieurs à la norme.
Les élus réclament une baisse de 20 % des tarifs et annoncent la réalisation d'audits pour le retour à une gestion publique de l'eau dès 2010.

Une étude plus détaillée des contrats met aussi en cause les “provisions pour travaux” qui sont les sommes placées en trésorerie afin d'entretenir les tuyaux et branchements, et de moderniser les équipements. Hors ces fonds s'avèrent souvent inemployés par les multinationales de l'eau qui préfèrent les placer en banque.
A Bordeaux la communauté urbaine a réussi à obtenir un programme de dépenses de 305 millions d'euros correspondant aux provisions immobilisées par la Lyonnaise des eaux et une baisse de 10 % du prix des 50 premiers mètres cubes consommés. A Lyon même système : une centaine de millions de travaux pour Veolia et moins 16 % sur le mètre cube. Baisses aussi à Lille, Bastia, Cherbourg, Morlaix, Castres ou Sainte-Maxime.

Mais le Canard Enchaîné s'attarde sur le cas de Lyon : la communauté urbaine a en effet demandé un audit au président de la Cour d'appel administrative de la ville, dans le but de faire baisser de 16 % le prix des factures. Et l'audit concernant Veolia est très intéressant.
Ainsi depuis 1986 sur les 87,7 millions d'euros obtenus par Veolia pour financer ses travaux seuls 44 ont été effectivement dépensés (quid du reste?). Par ailleurs à la signature du contrat Veolia s'était engagé à rembourser un emprunt de la communauté urbaine de l'ordre de 15 millions annuels, et a appliqué une surtaxe de 0,19 € par mètre cube, et même si les taux d'intérêt ont baissé Veolia n'a rien changé au système même si cela aurait représenté une baisse de 3 millions d'euros annuels. Enfin pour calculer ses coûts Veolia appliquait le “coefficient K” qui permettait d'indexer le prix de l'eau à d'autres coûts (salaires, productivité)...mais Veolia a appliqué cette surtaxe à des domaines qui n'étaient pourtant concernés. A cela s'ajoutent diverses incohérences comptables.

Mais l'article nous rassure sur l'avenir de nos multinationales de l'eau car des marchés sont à venir : le ministère de l'écologie prévoit que près de 4 000 stations d'épuration nécessitent une mise aux normes, et Bruxelles exige une mise en conformité des réseaux hydrauliques (11,3 milliards d'euros d'investissements). De quoi se frotter les mains. Et remplir le porte-monnaie.

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