samedi 26 janvier 2008

Jacques Attali : après l'invasion médiatique, les remontrances juridiques?

A l'heure où Jacques Attali fait la une de nos médias pour son rapport sur la libération de la croissance, une autre information le concernant demeure par contre plus confidentielle. L'Autorité des marchés financiers (AMF) souhaite en effet l'auditionner car elle le soupçonne de conflit d'intérêts. Dès lors Jacques Attali devra-t'il affronter les remontrances des Supernannys de la délinquance boursière?

L'histoire narrée par le site Internet Bakchich débute en juillet 2005. A cette époque le magazine Challenges, suivi par les médias français et par le Financial Times, relaye une rumeur : Danone pourrait être racheté par Pepsico dans le cadre d'une OPA. L'annonce fait effet : l'action Danone augmente de + 27 % en un mois, avant que Pepsico ne nie la rumeur qu'au bout d'un mois.
L'AMF lance une enquête le 26 juillet 2005 afin de vérifier s'il n'y a pas eu de manipulation de la part de Danone dans le cadre de cette rumeur. Les enquêteurs s'intéressent notamment à Jacques Attali dont la société de conseil en stratégie, Attali et associés, effectue des missions ponctuelles pour Danone, mais qui est aussi conseiller de Pepsico, d'où un possible conflit d'intérêt.

Au terme de sept mois d'enquêtes l'AMF repart bredouille : ils n'ont aucune preuve de manipulations. Par contre ils maintiennent leurs doutes concernant Jacques Attali. Dans le cadre de l'enquête il avait été auditionné, avait contesté les faits, et dénié s'être rendu à Londres pour discuter avec les dirigeants de Pepsico.

Pourtant une perquisition effectuée chez Jacques Attali il y a quelques semaines a permis de retrouver des factures de carte bancaire émises à Londres avec des dates correspondants à la période où Jacques Attali ne se serait pas rendu à Londres.
Dès lors les enquêteurs de l'AMF réclament une nouvelle audition de Jacques Attali, malgré l'avis contraire de leur hiérarchie. Le site Bakchich a contacté Jacques Attali qui leur a répondu par un fax disponible sur leur site.

Dans ce fax il demeure très évasif : il confirme avoir conseillé les deux entreprises, et en avoir rencontré les dirigeants, par contre il affirme ne jamais avoir reçu de mandat de leur part; il indique ne pas être au courant des initiatives de l'AMF et s'interroge sur le sens du mot “facturette”.

En tout cas, on regrette que quelque soit l'avancée du dossier Jacques Attali n'ait pas proposé une moralisation et une transparence du capitalisme financier dans son rapport, proposition d'actualité au vu des effets de la crise des subprimes et de la supposée fraude purement individuelle d'un trader de la Société Générale.
Concernant ses problèmes avec l'AMF, nul doute que Jacques Attali passera moins dans les médias pour en parler. “La discrétion est d'une grande valeur” affirmait Lao-Tseu...

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