lundi 21 janvier 2008

Alain Minc : le seigneur des réseaux

Alain Minc est un énarque qui fit le choix du pantouflage (partir dans le privé après une formation de haut fonctionnaire) après avoir été inspecteur des Finances. Brillant intellectuel, il se distingua dans les années 80 par des échecs en tant que conseiller d'entreprises (Saint Gobain, Société Générale Belge...).
Dans les années 80, il fit parti des créateurs d'un haut lieu de la pensée unique, la fondation Saint Simon qui avait pour but de réunir des intellectuels, des journalistes (Serge July, Anne Sinclair, Franz Olivier Giesbert, Christine Ockrent, Jean Daniel, Jean Pierre Elkabbach...), des chefs d'entreprise (Christian Blanc, Jean Peyrelevade, Jean Luc Lagardère, Francis Mer...)
afin de mettre en commun leurs réflexions. A terme il devint un lieu de promotion du social-libéralisme, politique « moderne » et seule politique possible aux yeux de leurs membres.
Il est aussi à l'époque expert attitré d'une émission de TV, « Vive la crise! », animée par Yves Montand. Cette émission avait pour but de faire la propagande libérale-populaire qui avait abouti au succès de Margaret Thatcher et Ronald Reagan. Les reportages sont très orientés (les privilèges des fonctionnaires, l'assistanat...) et font l'apologie de l'entrepreneur (à noter un éloge d'un jeune chef d'entreprise vendéen...Philippe de Villiers). Ainsi dans cette émission Michel Albert déclare que si la France ne suit pas les recettes libérales elle deviendra aussi riche que l'Afghanistan!
Dans les années 90, il devint président du Conseil de surveillance du Monde, mais aussi président du fan club d'Edouard Balladur.
Mais surtout à cette époque il trouve sa poule aux oeufs d'or : conseiller de grands patrons.


Alain Minc s'était déjà constitué un bon carnet d'adresse grâce à son activité à la Fondation Saint Simon, mais aussi par son rôle de membre du conseil d'administration du Siècle – club huppé qui réunit l'élite parisienne - son activité de conseiller de grands patrons va étoffer sa clientèle. Le premier talent d'Alain Minc c'est de cultiver des amitiés dans différents mondes : médiatique (grâce au journal Le Monde), industriel (Pinault, Bolloré, Maurice Lévy, Edouard de Rotschild, Zacharias, Proglio...), politique (Edouard Balladur, Nicolas Sarkozy, Thierry Breton, Dominique Strauss-Kahn). Cette confusion des genres est très profitable à son activité de conseil : il tient le levier politique, les soutiens médiatiques et financiers. De quoi attirer les clients...

Son deuxième talent c'est son statut d'initié : lorsqu'il conseille un industriel, il place souvent ses hommes à des postes stratégiques, ce qui lui permet de disposer d'antennes dans les grandes entreprises; lors de repas professionnels il n'hésite à faire des confidences utiles à ses interlocuteurs, sachant que les infos que ceux-ci lui donneront pourront être ultérieurement balancées; sa connaissance de certaines entreprises, de par son statut de conseiller, lui sert aussi lorsqu'il conseille des entreprises concurrentes...

Homme de réseau (« le Seigneur des réseaux » selon l'Express), circulateur d'information , Alain Minc est le parfait symbole d'un capitalisme français opaque, peuplé de parrains qui évoque beaucoup plus l'Ancien Régime que le ving et unième siècle.

Enfin pour crédibiliser son image d'intellectuel il écrit tous les ans des essais. Au vu de ses amitiés (BHL, Jean Daniel, Franz Olivier Giesbert...) et de sa mainmise dans certains médias ceux-ci font l'objet d'éloges unanimes. Jean Daniel raconte ainsi le harcèlement téléphonique qu'il a connu pour faire un papier-promo pour son essai sur Spinoza. Le problème est que quelques semaines après sa sortie un écrivain, Patrick Rödel porte plainte pour plagiat. Cet écrivain avait en effet rédigé un ouvrage sur Spinoza qui était un mélange de fiction et de réalité. Hors dans son ouvrage les éléments sortis tout droit de l'imagination de Patrick Rödel (ainsi une recette de confiture de roses complètement inventée par lui) apparaissent dans l'ouvrage d'Alain Minc. Et là on découvre qu'Alain Minc utilise trois « nègres » pour rédiger ses ouvrages. Tout un mythe qui tombe.

Mais au-delà de cet aspect critiquable du système Minc, l'ancien journaliste du Monde Laurent Mauduit critique dans son ouvrage "Petits conseils" les interventions concrètes et douteuses d'Alain Minc dans certains dossiers : Caisse d'épargne, Vinci, Libération, Le Monde, les affaires de Vincent Bolloré qu'il conseille...pour plus de précisions voir dans "Nos dossiers".

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