dimanche 4 mai 2008

Multinationale de la santé : cachez cette vérité que je ne saurais voir!

Fut une époque où science rimait avec vérité. Une époque où face aux obscurantismes religieux et aux superstitions, les scientifiques avaient porté haut le flambeau de la vérité. Une pensée pour Copernic et pour Galilée.
Mais là tout a changé. Les intérêts économiques, le lobbying, la corruption font que qu'une vérité économique, vérité tout aussi pertinente que la Sainte Vérité officielle du Vatican, va parfois à l'encontre de la science comme le narre le Canard Enchaîné dans son édition du 30 avril 2008.

L'histoire que narre l'hebdomadaire concerne un des grands groupes pharmaceutiques mondial, Sanofi-Aventis.
Revenons à la genèse de l'histoire. Sanofi-Aventis souhaite mettre sur le marché une pilule miracle, Acomplia, censée soigner l'obésité, notamment chez les diabétiques. Hors en 2007 un comité d'experts de la Food and Drug Administration, qui s'occupe de la mise sur le marché de certains produits aux Etats Unis, émet un avis négatif concernant l'Acomplia. Ce médicament aurait des effets indésirables préoccupants : dépressions graves, voire tentatives de suicides chez certains. Une autre étude a depuis confirmé partiellement ces effets.
Et les effets pour Sanofi-Aventis sont très très négatifs : oublié le marché américain estimé à trois milliards de dollars annuels, le cours de l'action en Bourse, pourtant bien noté, ne monte pas.

« A chaque action, il faut une réaction », affirmait Bob Marley. Et la réaction de Sanofi-Aventis est éclairante selon le Canard Enchaîné : lors d'un comité d'entreprise de Sanofi-France de mars dernier elle a présenté le « Plan best Acomplia » où elle présente sa réaction aux problèmes de l'Acomplia.
Le contenu du plan? En priorité « neutraliser la grande presse ». Sanofi-Aventis reproche en effet, à juste titre, les critiques de la presse à l'encontre d'Acomplia, à savoir la simple information sur les expertises négatives de la pilule. Concernant les moyens de « neutraliser » le Canard Enchaîné indique simplement que Sanofi-Aventis a la « pudeur » de ne pas les expliciter. Du coup l'hebdomadaire s'interroge : au vu de l'importance des encarts publicitaires dans les journaux, n'est-il pas possible de faire pression sur eux? Par ailleurs le Canard revient sur une pratique du secteur, selon Sanofi oubliée ou encadrée : les voyages d'études tous frais payés, vers des destinations ensoleillées, les petits cadeaux...

Sanofi justifie ses objectifs (précisons bien qu'ils n'ont explicité aucun moyen) par l'inquiétude que peut générer la simple reprise d'information auprès des professionnels, clients, le monde de la santé et les partenaires de l'entreprise, par ailleurs les ventes stagnent.
On en arrive alors au deuxième objectif du « Plan best Acomplia » : « mobiliser la communauté diabète autour d'une Opération Prestige » : là aussi rien sur le moyen, si ce n'est un travail accru des visiteurs médicaux. Pour le budget il convient aussi d' « augmenter la durée de traitement » des patients.

Comme on le voit, comme la superstition religieuse avait tendance à prendre le dessus sur la vérité scientifique, aujourd'hui c'est la vérité économique qui prend le dessus sur la vérité scientifique. Mais comme le disait Bossuet, autre grand défenseur de l'Eglise, « Les hérésies débutent toujours par quelques hommes ». Camarades hérétiques, unissons-nous!


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