jeudi 8 mai 2008

Les pesticides : testés et approuvés par la grande Faucheuse

Si la France ne réussit pas à gagner le championnat d'Europe des Nations de football cet été, il y a un championnat d'Europe où elle reste invincible : c'est l'utilisation de pesticides.
La France utilise ainsi chaque année 75 000 tonnes de pesticides, ce qui en fait de loin la première utilisatrice européenne. 80 % de nos rivières en contiennent, idem pour 57 % de nos nappes phréatiques, l'air aussi en est infecté : jusqu 'au trois quart de ce qui est épandu se retrouve dans l'air et nous retombe dessus en cas d'averse.

Et pourtant les effets des pesticides sur la santé sont gravissimes : selon une récente étude du laboratoire Santé, Travail, Environnement de l'université de Bordeaux 2 les agriculteurs auraient 2,2 fois plus de « chance » de développer une tumeur cérébrale. Idem pour la maladie de Parkinson.
Pour les populations, malheureusement (ou heureusement...) aucune étude. Mais les experts font part de l'extrême prudence à avoir concernant les pesticides.

Et les pesticides, tel Oussama Ben Laden, savent se cacher. 47 % des légumes sont saupoudrés d'insecticides ou désherbants. Pour les fruits le chiffre monte à 67 %. Et passer votre fruit ou légume sous l'eau ne sert à rien : les substances s'enfoncent dans la chair jusqu'à 8 millimètres.

Heureusement il y a eu le Grenelle de l'hypocrisie. Au cours de ce Grenelle un groupe intitulé « Instaurer un environnement respectueux de la santé » s'est constitué. Parmi ses propositions : réduire de 25 à 50 % les pesticides à moyen terme. Le lendemain de cette proposition les membres du groupe reçoivent un mail avec un document de synthèse envoyé par le président du groupe Dominique Maraninchi, avec trois heures pour envoyer des remarques sur le document! Sur le document il est simplement indiqué que certains veulent réduire les pesticides, mais constate que d'autres pensent que retirer du marché les molécules les plus dangereuses suffirait.
Selon le Canard Enchaîné – auteur de l'article – les « autres » seraient le président du groupe, les représentants du ministère de la Santé et de l'industrie agrochimique.
Au final les participants recevront le document final qui ne retient plus une réduction des pesticides, mais simplement d'une élimination des pesticides les plus dangereux (cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques) : au total cinquante substances. Exclues les molécules « potentiellement » dangereuses comme les perturbateurs endocriniens, immunotoxiques ou neurotoxiques, qui pourront donc continuer à être utilisés.

A noter qu'une étude du réseau Pan-Europe, qui s'occupe du domaine des pesticides en Europe, a constaté la présence de pesticides généralisée dans les vins français. Du coup ça sera même plus possible de boire pour oublier nos cancers. Après l'échec du travailler plus pour gagner plus, c'est l'échec du boire plus pour oublier plus. Triste époque.

Aucun commentaire: