jeudi 29 mai 2008

Des médias

Les atteintes à la liberté d'expression ne sont pas nouvelles. Dès l'invention de l'imprimerie l'Eglise, craignant la diffusion d'idées malsaines, avait limité l'expression libre. Plus tard la monarchie prit le relais, avant que la Révolution et surtout Napoléon Ier effectuent à leur manière une forme de censure.
C'est la loi du 29 juillet 1881 qui a institué une protection de la presse, mais la guerre, Vichy, les ligues de vertu, de Gaulle ont limité cette liberté de parole. Pour information des bandes dessinées telles que Mandrake, Tarzan ou Blake et Mortimer ont connu la censure pour « démoralisation de la jeunesse ».

Les médias connaissent une première réalité, c'est la concentration. Si au niveau mondial Rupert Murdoch est le roi en la matière, la France connaît elle aussi ses grands groupes : Socpresse (Dassault), Lagardère-Hachette, Bouygues notamment. Mais d'autres groupes existent : Arnault, Rotschild, Bolloré, Hersant...ainsi la presse quotidienne régionale est souvent monopolisée par ces groupes, certaines régions voient même des monopoles de fait comme dans l'Ouest où Ouest France contrôle la presse écrite et les télés locales.

Une autre réalité c'est les connivences politico-économiques. La France se distingue ainsi par les couples mixtes : Sinclair-Strauss Kahn, Douste Blazy-Cantien, Kouchner-Ockrent, Schonberg-Borloo, Drucker (Marie...)-Baroin.
TF1 est la plus forte en la matière : la femme de Robert Namias, président de l'information, était la conseillère de Bernadette Chirac; Jean Claude Narcy a « coaché » des politiques tels que Hervé Gaymard ou Rachida Dati; Laurent Solly, ex-directeur de campagne de Nicolas Sarkozy est entré à la direction générale de la chaîne; le fils de Martin Bouygues fréquente la même école que celui de Nicolas Sarkozy, enfant dont il est d'ailleurs le parrain, il faut dire qu'il fut aussi le témoin de mariage d'un des mariages de Papy Sarko.
Pendant les élections présidentielles l'émission politique de TF1 était produite par A-Prime, dirigée par Dominique Ambiel et Frank Tapiro, ex-collaborateurs de Jean Pierre Raffarin.

Nicolas Sarkozy a su quant à lui jouer de ces connivences. Il est ami de nombreux patrons de presse, ce qui lui permet de menacer des journalistes. Jean Pierre Elkabbach, d'Europe 1, l'avait directement contacté pour le choix d'un journaliste pour la campagne. Il y a eu aussi les affaires Paris-Match : affaires Genestar (Attias-Cécilia) ou Noah.
De manière générale Nicolas Sarkozy n'hésite pas à faire du chantage au boycott vis-à-vis de médias, tutoie facilement, n'hésite pas à envoyer des messages du style « je croyais que tu étais mon ami... » aux journalistes qui le critiquent. Déjà au début de sa carrière il envoyait des messages de remerciement à tout journaliste qui écrivait un article sur lui.

Dernière réalité des médias : la dépendance financière. Les médias sont tenus par les actionnaires et par les annonceurs publicitaires qui n'hésitent à supprimer des publicités ou à menacer de le faire pour éviter toutes critique. Il est ainsi impossible de critiquer LVMH ou l'Oréal, premiers fournisseurs de recette publicitaire. Le plus grave c'est quand il s'agit d'affaires tragiques comme celle de l'usine AZF ou l'assassinat du juge Borrel.
Du coup les médias se spécialisent dans les faits divers (exemples : l'insécurité, les banlieues) et les marronniers : la canicule, les incendies de forêt, le stress du Bac, les résultats du Bac, les cadeaux de Noël, les traditions de Noël, rétrospective de l'année, les soldes...
La presse quotidienne est elle moins bien lotie : dépendance vis-à-vis de la grande distribution, de la police ou des services municipaux les obligent à lever le pied et à faire la brosse à reluire...

Aucun commentaire: