dimanche 2 décembre 2007

Pour une santé rentable en France, instaurons la prière!

Bonne nouvelle pour les pauvres : face à un désengagement croissant de l'Etat en matière de santé et à un accroissement constant des frais imputés aux usagers (franchise, forfait hospitalier, ticket modérateur...) en la matière, l'Histoire peut être d'un grand secours à Nicolas Sarkozy et à sa ministre Roselyne Bachelot.
En effet selon la mythologie grecque, afin de préserver leur santé les Grecs honoraient des statues d'Hygie, déesse de la santé.
Ne serait-il pas possible dès lors d'accélérer en France notre système de santé à deux vitesses : une médecine de luxe pour les plus nantis, et bâtir de simples statues dans les quartiers pauvres afin que les manants puissent prier pour leur santé, et ainsi résorber le trou de la sécurité sociale?

A la lecture de la presse on se rapproche pourtant progressivement de ce scénario.
Ainsi selon un rapport de l'Igas (inspection générale de l'action sanitaire) de septembre 2007, les dépenses promotionnelles des laboratoires de pharmaceutiques ont augmenté de + 48 % entre 1999 et 2005, record en Europe. 76 % de cette somme représenterait les sommes investies dans les visites de médecins, frais annexes compris.
Dans le même temps, les députés votaient les franchises santé afin de "responsabiliser" les patients...mais quid des multinationales de la santé qui font monter le prix du médicament par leurs dépenses de marketing?

De son côté le Comité nationale d'éthique a vu son rapport critique sur la généralisation de la tarification à l'acte partir à la poubelle.
Dans ce rapport transmis à Roselyne Bachelot, ils s'inquiétaient de l'absence de débat en la matière, du risque d'une vision purement comptable de la santé, rappelaient le caractère public de la santé, qui ne peut être considérée comme une simple marchandise.
Ils s'inquiétaient d'une vision productiviste de la santé, et du risque d'abandons des malades non-rentables.

Comme on le voit, la santé poursuit son bonhomme de chemin en France : désengagement étatique, augmentation de la part des usagers, privatisation, gestion proche des multinationales (brevets, lobbying...).
Mais que les lecteurs se rassurent : avec cet article veuillez trouver une photo d'Hygie, déesse grecque de la santé, priez-la : bientôt nous n'aurons plus que ça pour nous guérir.

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