mardi 4 décembre 2007

Ces racketteurs dont TF1 ne parle pas

Imaginons. Imaginons un instant un monde sans TF1. Imaginons un monde sans "Le droit de savoir" et ses reportages sur les fraudes aux ASSEDIC, à la CAF ou sur les racailles qui ne paient pas leur ticket de bus et qui promènent leur pitbull en écoutant du rap. Imaginons un monde sans le journal de 13 heures de Jean Pierre Pernault et ses reportages sur le dernier artisan-sabotier de Mufflins qui travaille plus de 35 heures par semaine car il aime son travail...bon maintenant revenons au réel.

TF1 qui se fait une spécialité de dénoncer les petits fraudeurs et les petits délinquants, en occultant les grosses racailles, le prouve une fois de plus par son silence face à de gros racketteurs.
Alors que la privatisation des autoroutes s'est faite sans grande contestation, un rapport de la Cour des Comptes fait un premier bilan sur celle-ci en s'intéressant aux autoroutes du Sud (ASF).
Et le bilan est on ne peut plus critique : elle dénonce ainsi le bradage des autoroutes au profit de Vinci, grâce à une opération très favorable pour elle en deux étapes; elle dénonce aussi une augmentation des tarifs des péages, réalisée de manière opaque et incontrôlée; elle dénonce aussi le non respect des engagements envers la collectivité en matière d'investissements, tout comme un statut ultra-précaire de ses employés (10 200 CDD en moins de deux ans).

L'hebdomadaire Marianne du 27 octobre s'interroge aussi sur la possibilité de délits d'initiés : alors que Dominique de Villepin avait annoncé le 8 juin 2005 la vente totale des grandes autoroutes, les transactions concernant les nouveaux propriétaires ont augmenté de manière anormale : ainsi APPR a vu ses transactions augmenter de + 800 % quelques jours avant cette annonce! L'AMF a enquêté mais a classé le dossier sans suite.

Ce rapport de la Cour des Comptes permet de faire un petit rappel historique : le système des péages a été instauré en 1962 par Georges Pompidou afin de financer la création d'autoroutes, avec la volonté de les rendre gratuites à terme.
Les sociétés de travaux publics (GTM, Dumez, Colas et Jean-Lefebvre) ont alors le bonheur de voir leurs carnets de commande gonfler. Le système est tellement avantageux que la volonté initiale de rendre gratuites les autoroutes est abandonnée au profit d'un nouveau concept, la péréquation : les péages permettent de construire plus d'autoroutes, d'avoir plus de sécurités...
Les autoroutes sont depuis longtemps remboursées et amorties, ce qui n'a pas empêché l'Etat de vendre la manne que représentent les autoroutes au privé (Eiffage, Vinci, CNP, AXA...).

Les contribuables ont donc payé pendant des années des équipements, et quelques entreprises viennent se partager le gâteau, alors qu'ils n'ont pas financé les ingrédients du gâteau, et que les contribuables ont payé les frais de main d'oeuvre pour la réalisation du gâteau.
Les contribuables ont tout payé, mais quelques entreprises se régalent. Un véritable racket dont TF1 ne parlera bien évidemment jamais.

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