vendredi 14 décembre 2007

Banques françaises recherchent vaches à lait

A l'époque de Cicéron cohabitaient deux partis : les optimates ("les meilleurs"...) qui prônaient le conservatisme social, et les populares, partisans d'un progrès social. Pour information, Cicéron se revendiquait comme un "viri boni" (homme de bien), transcendant les clivages et prônant la vertu, avant de faire le choix du pragmatisme.

Ce bref rappel historique n'a qu'un but : démontrer que depuis les clivages ont peu changé. Ainsi dans la France de 2007 cohabitent deux tendances : les promoteurs de la société d'aujourd'hui, et les partisans d'une autre société.
Plutôt que de développer ce sujet, et de débattre, décrivons la société d'aujourd'hui, et le capitalisme d'aujourd'hui par le biais de deux anecdotes, relatifs au domaine bancaire.

La première histoire est relative à la crise des subprimes qui a touché la sphère financière ces derniers mois, notamment aggravée suite à la fermeture par BNP Paribas de deux de ses SICAV.
Comme indiqué dans notre article du 1er septembre, cette crise était prévue depuis quelques temps, mais le manque d'indépendance des agences chargées des notations a occulté cette réalité.
Dès le mois de mars (la crise a explosé cette été), un document interne à la BNP indiquait le caractère fatal de ce mini-krach boursier touchant notamment les "SICAV dynamiques". Hors, malgré cela la BNP a continué à commercialiser ces produits, et a même organisé un challenge interne ("Booster 2") : une prime pour ses meilleurs vendeurs, avec un argumentaire en total opposition avec sa note interne rédigée à peine un mois plus tôt. Résultat : 35 millions d'euros de placés, avant le mini-krach de l'été...

Autre histoire, concernant cette fois le Crédit Agricole. Une personne âgée reçoit la visite d'un commercial souhaitant lui vendre des encyclopédies. L'affaire est concluante car le commercial lui vend "Le siècle de Louis XIV" (deux volumes) pour 780 €. Mais comme l'acheteuse n'a pas les moyens, le commercial passe par un crédit de Financo, filiale du Crédit agricole. Résultat un crédit à 17,74 %! Notons que le commercial a "oublié" d'indiquer ce chiffre dans le contrat.
Résultat (bis) : des mensualités de 23,40 €, soit 1 240 € pour les deux livres, dont 460 € d'intérêts.

Si Cicéron a fait le choix à son époque de rejoindre le rang des "optimates", à savoir les conservateurs, cette réalité du capitalisme présent nous impose le devoir d'opposer un capitalisme du futur plus moral, plus transparent, plus juste.
Mais face à l'état actuel du capitalisme, la route est longue, longue comme une étape du Tour de France sans produits dopants. Mais bon Coluche ne disait-il pas que pour finir le Tour de France les cyclistes non dopés devraient partir à Noël pour arriver à temps. On est pas à quelques mois près...

Aucun commentaire: